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- Lutte ouvrière n°2749
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Editorial
Macron : « Je décide, vous vous débrouillez ! »
Changement du calendrier scolaire ; interdiction de circuler d’une région à l’autre ; fermeture des écoles et passage en distanciel ; fermeture des petits commerces… Macron a finalement changé de stratégie : on est passé en confinement national.
Macron est incapable d’imposer aux laboratoires pharmaceutiques de tenir leurs engagements et de livrer les vaccins, mais il décide de nos vies, comme si nous étions à sa disposition. C’est devenu une habitude, car cela fait un an maintenant que nous ne savons plus sur quel pied danser, mais cela témoigne d’un mépris insupportable.
Les plus aisés ont pu s’arranger au pied levé. Quand on a de l’argent, tout est toujours plus facile. On peut rapidement trouver une nounou ou sauter dans une voiture pour rejoindre une résidence secondaire. Mais pour ceux qui ne peuvent pas télétravailler et qui n’ont pas de possibilités de garde ?
Le gouvernement assure qu’il est possible de se mettre au chômage partiel si les parents ne trouvent pas de solution. Encore faut-il que l’employeur l’accepte ! Sans compter qu’au chômage partiel un salarié ne touche que 84 % de son salaire et perd ses primes. Est-ce que le loyer, les crédits ou les factures sont à payer à 84 % ? Bien sûr que non !
Les dirigeants politiques, comme la classe capitaliste, ont un profond mépris pour les intérêts et les sentiments de la majorité travailleuse. À leurs yeux, cette majorité n’est là que pour travailler et obéir, pas pour proposer et encore moins pour décider ou contrôler.
Mais si les soignants étaient écoutés, si les économies budgétaires ne comptaient pas davantage que les besoins en personnel, les hôpitaux n’en seraient pas, aujourd’hui, à déprogrammer leurs opérations, avec les conséquences graves que cela entraîne pour des millions de malades. Ils n’en seraient pas à basculer dans une « médecine de catastrophe », avec une gestion de patients à flux tendu et des semaines de 60 heures pour des soignants à bout de forces.
Ce qui se passe dans les hôpitaux a été dénoncé cent fois, mille fois, par les soignants. Ils ont été ignorés, méprisés, trompés par le pouvoir. En un an, pas un lit pérenne de réanimation n’a été créé, alors qu’après la première vague Véran, le ministre de la Santé, avait promis qu’il monterait à 12 000 lits de réanimation.
Aujourd’hui, il se justifie en se cachant derrière le manque de personnel en réanimation. De qui se moque-t-il ? Il suffit d’écouter les soignants pour résoudre le problème : il faut revaloriser les salaires, améliorer les conditions du métier, alléger les horaires et la charge de travail… Toutes choses qui pourraient rendre attractifs les métiers d’infirmière et d’aide-soignante.
Oui, si les travailleurs décidaient, la société serait mieux dirigée. Mais, tant qu’elle est dirigée par des serviteurs de la bourgeoisie en fonction des lois du marché et du profit, nous allons dans le mur.
La pénurie de vaccins que nous connaissons n’est pas qu’un aléa temporaire. Elle est révélatrice d’un gâchis et de l’irresponsabilité de toute une organisation sociale.
Les quelques laboratoires qui ont été homologués sont incapables de produire vite et en masse les vaccins nécessaires. AstraZeneca a rempli seulement un quart de son contrat. Et ne parlons pas de Sanofi, qui a été incapable de produire un vaccin après avoir été arrosé d’argent public. Sa spécialité ? Gaver les actionnaires, et supprimer des emplois !
Est-ce qu’ils sont sanctionnés ? Est-ce qu’ils sont mis sous contrôle ? Non ! Ils gardent les mains libres car, propriété oblige, ils sont maîtres chez eux. Et les laboratoires qui ont le monopole des brevets en profitent au maximum. En temps de guerre, les gouvernements sont capables de réquisitionner les entreprises industrielles pour organiser, contrôler et planifier la production d’armement. Eh bien, ce qu’ils sont prêts à faire pour tuer, ils ne sont pas prêts à le faire pour soigner.
Macron fanfaronne en expliquant que l’Europe sera bientôt le premier producteur de vaccins au monde. Thierry Breton fait de la publicité pour les vaccins made in France. En attendant, ils gèrent la pénurie et, à chaque semaine de retard, c’est plus d’un millier de morts supplémentaires. Pour les familles endeuillées, les vaccins peuvent arriver demain : ce sera toujours trop tard !
Alors, le pouvoir peut pointer du doigt l’irresponsabilité des jeunes qui se permettent de faire la fête. Les irresponsables, ce sont ceux qui dirigent. Ils sont irresponsables, car ils sont les défenseurs d’un système qui place les profits et la propriété privée de la minorité capitaliste au-dessus de l’intérêt des travailleurs et de la population.
Bulletins d’entreprise du 5 avril 2021