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- Lutte ouvrière n°2749
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Dans les entreprises
Air France : pour plus de sacrifices – pas d’accord !
« Une très bonne nouvelle pour Air France et l’ensemble du secteur aérien français » : Le Maire, le ministre de l’Économie, a ainsi présenté l’accord conclu le dimanche de Pâques avec Bruxelles sur les modalités de la nouvelle aide de l’État français à Air France.
Son conseil d’administration a validé l’accord dès le lendemain. Car il y trouve son compte et veut en présenter au plus vite l’addition à ses dizaines de milliers de salariés. Un comité social et économique central (CSEC) a donc été convoqué à 8 h 30 le surlendemain, 6 avril. À l’ordre du jour : obtenir l’aval des directions syndicales à de nouvelles attaques sur les salaires, les emplois et les conditions de travail, au prétexte que « si on ne se serre pas la ceinture, on ne pourra pas sauver la compagnie ».
L’air est archi-usé, et en dix ans Air France a, sous ce prétexte, supprimé 10 000 emplois. Mais pourquoi se priverait-elle de l’entonner quand certains dirigeants syndicaux se placent déjà sur le terrain choisi par le patron et le gouvernement, non pas en appelant les travailleurs d’Air France à se battre pour obtenir le maintien des salaires et des emplois, mais en se désolant que cet accord n’apporte pas « assez d’argent frais pour sauver Air France » ?
La question ne se pose pas ainsi pour les centaines d’hôtesses, stewards, techniciens de l’informatique des bases province qu’Air France veut fermer à Nice, Marseille et Toulouse, et qui ont eu bien raison de se mobiliser ces derniers jours contre cette menace, ni pour les 1 100 salariés de Hop!, la filiale lignes intérieures d’Air France. Leurs emplois vont disparaître et il ne leur est proposé, au mieux et pas à tous, qu’un transfert vers Air France, sans conserver leur ancienneté, leur qualification et leur ancien salaire.
Les salariés qui restent dans la compagnie n’ont jamais vu la couleur des sept milliards qu’Air France a déjà reçus de l’État en 2020, tandis qu’elle faisait passer à la trappe l’équivalent de 3 600 emplois à temps plein. L’État va maintenant injecter de nouveaux milliards dans Air France, d’ailleurs sans que le gouvernement ait précisé combien. Craint-il que cet énorme cadeau puisse choquer ? Pour donner le change, des médias se lamentent qu’en contrepartie la compagnie doive céder à la concurrence 18 slots (créneaux de décollage et d’atterrissage) sur les plus de 300 qu’elle détient à Orly. Mais est-ce que la possession de tous ces slots a jamais empêché Air France de geler les embauches et les salaires, de sabrer les emplois, d’imposer toujours plus de travail à toujours moins de personnel ?
Sur France Inter mardi 6 avril au matin, Bruno Le Maire a affirmé qu’avoir porté à 30 % la part de l’État dans le capital d’Air France prouve qu’il soutient aussi son personnel. C’est un mensonge éhonté. Le Maire a ajouté qu’il s’en remettait à Ben Smith, le directeur général d’Air France-KLM, pour mettre en œuvre « les efforts de compétitivité nécessaires ». Cela signifie qu’il va continuer à réduire les salaires réels de mille et une façons, à récupérer des jours de congés, à supprimer encore 5 400 emplois cette année, et à mettre ainsi le cap sur de nouveaux bénéfices au plus vite.
Les milliards offerts au patronat du transport aérien n’ont jamais servi et ne serviront pas à protéger les emplois. Leur travail, leur salaire, leur vie et celle de leur famille, les travailleurs d’Air France, de ses filiales et sous-traitants, et quel que soit leur statut (CDI, CDD, intérimaires), ne pourront les garantir que si l’on accepte de prendre sur les profits passés, présents et à venir des capitalistes, qui se sont enrichis et veulent continuer à s’enrichir sur le dos de la classe ouvrière.