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Dans les entreprises
Michelin : la direction à l’offensive
Dans le journal Le Monde du 16 septembre, un document interne du groupe Michelin est cité, selon lequel quatre de ses quinze usines françaises ne seraient plus assez compétitives.
Il s’agit de celles de Cataroux (près du siège social de Clermont-Ferrand), Avallon (Yonne – rechapage pneus poids lourds), La Roche-sur-Yon (Vendée – pneus poids lourds) et Cholet (Maine-et-Loire – pneus tourisme et camionnette).
La fuite a pu être orchestrée par la direction du groupe elle-même, tant elle cherche, depuis des mois, à entretenir un climat d’inquiétude chez ses salariés. Depuis qu’il a pris les commandes en mai dernier, le PDG Florent Menegaux a en effet dit et répété que, du fait d’un rétrécissement du marché du pneu en Europe de l’Ouest, des restructurations pourraient s’avérer nécessaires et qu’aucune usine ne devait se sentir à l’abri. C’est ce « diagnostic » que reprendra sans doute le rapport quand il sera dévoilé par la direction dans son intégralité, dans les jours qui viennent.
D’après la direction, il n’est pourtant pas question de fermeture immédiate pour les quatre sites visés, qui regroupent encore plus de 2 000 des 23 000 travailleurs exploités par Michelin en France. Mais la publication de ce rapport permettra d’accréditer la vision d’un groupe pris à la gorge par la compétition internationale, afin de demander aux travailleurs de ces quatre usines de redoubler d’efforts sans toucher un centime de plus.
C’est le type de chantage dont Michelin est familier. Il l’a exercé à Roanne en 2015, puis à Vannes et à La Roche-sur-Yon en 2016. À chaque fois, il a été demandé aux travailleurs de se prononcer sur des plans de compétitivité dégradant fortement les conditions de travail. Et s’abritant derrière des référendums où les travailleurs avaient fini, le revolver sur la tempe, par donner une majorité à un accord, la plupart des syndicats ont apporté leur caution à ces plans indignes.
Évidemment, comme tant de travailleurs l’ont appris à leurs dépens, de Continental à Bosch, les patrons ne se sentent jamais liés par les aspects supposés positifs de tels accords – et malgré tous leurs sacrifices, les 650 salariés de La Roche sont encore une fois pointés du doigt.
Menegaux est très fier du « dialogue social » qui, au fil de huit rencontres cet été avec les représentants de tous les syndicats (CGC, SUD et CFDT, mais pas la CGT), ont abouti au « diagnostic » qui sera prochainement rendu public. En effet, il a obtenu de ces derniers, dès le mois de mai, un accord de confidentialité les contraignant au silence vis-à-vis des travailleurs et du grand public, quelles que soient les informations qui leur seraient transmises. Si les patrons prennent la peine de distiller à longueur d’année rumeurs et vraies-fausses annonces, s’ils essayent de se mettre dans la poche un maximum de dirigeants syndicaux, c’est aussi un aveu qu’ils craignent les réactions des travailleurs.
Ils sont nombreux les travailleurs chez Michelin qui n’en peuvent plus des sacrifices pour un groupe qui reste le numéro deux mondial du pneu et a affiché un bénéfice net de 1,6 milliard d’euros en 2018. Face aux pressions qui les attendent dans les semaines et mois à venir, ils ne pourront compter que sur leurs propres forces, sur la solidarité et la combativité dont ils ont déjà su faire preuve par le passé.