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Israël : Netanyahou-Gantz, deux candidats de la droite nationaliste
À l’issue des élections législatives du 17 mars en Israël, aucun des deux principaux partis en lice n’a réussi à obtenir un nombre suffisant de sièges pour pouvoir former seul le prochain gouvernement, le Likoud du Premier ministre Benyamin Netanyahou et le parti Bleu-Blanc de son challenger Benny Gantz ont chacun une trentaine de députés sur les 120 que compte la Knesset.
Tout est donc désormais suspendu au jeu des alliances, en particulier au choix que fera l’ex-ministre de la Défense Avigdor Liberman, dont le parti ultranationaliste Israel Beitenou disposerait d’une dizaine de sièges.
Netanyahou, au pouvoir depuis dix ans, mandaté par le président israélien pour former un gouvernement, n’y était pas parvenu en avril, date des dernières législatives. L’alliance entre deux partis de droite, celui de Netanyahou et celui de Liberman, et les partis religieux avait éclaté sur la question de l’exemption de service militaire accordée aux 40 000 étudiants des écoles religieuses. Netanyahou avait alors dissous la Knesset, d’où ces nouvelles élections.
Menacé de devoir rendre des comptes à la justice pour de multiples affaires de corruption, Netanyahou a mené campagne en cherchant des voix toujours plus à droite, s’adressant à l’électorat d’extrême droite, nationaliste et religieux, en particulier aux 400 000 colons installés en Cisjordanie sur des terres palestiniennes. Ainsi, Netanyahou leur a promis d’annexer 30 % de la Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967.
Il a aussi accusé les Arabes israéliens – un cinquième de la population d’Israël, dont ils sont citoyens – de fraude lors des élections d’avril. En juillet, une loi a été votée qui fait d’Israël « la patrie nationale du peuple juif ». C’est dans le droit fil du sionisme qui a fait, depuis 1947, des Arabes palestiniens des étrangers sur leur propre sol et, pour ceux qui n’en étaient pas expulsés, des citoyens de seconde zone. Mas la loi votée cet été entérine surtout des mesures discriminatoires à l’encontre des villes à majorité arabe qui manquent déjà d’infrastructures, d’écoles, de centres de santé.
Celui qui apparaissait comme le seul opposant sérieux électoralement à Netanyahou est un ex-chef d’état-major, Benny Gantz, chef du parti Bleu-blanc, qualifié de centriste, mais dont la dénomination affirme le nationalisme, le blanc et le bleu étant les couleurs du drapeau israélien.
Le point principal de son programme se limitait à chasser Netanyahou. Mais, comme ce dernier, il promet une campagne militaire pour anéantir le Hamas au pouvoir à Gaza. Il s’est prononcé pour le renforcement des colonies dans les territoires occupés. Et sa liste rassemblait plusieurs ex-responsables de l’armée.
Il tend certes la main aux Arabes israéliens en déclarant : « Je m’engage à travailler avec vous. » Mais il cherche en fait à former une coalition gouvernementale qui puisse s’imposer à droite, tout en bénéficiant du soutien ou de la bienveillance des 13 députés – un succès – obtenus par la Liste arabe unifiée.
Cette élection montre un glissement de plus en plus droitier : le Parti travailliste, qui avait longtemps dominé la vie politique en Israël, et dont toute la politique au gouvernement avait ouvert un boulevard à la droite, réussit à peine à se maintenir à la Knesset. Elle fait aussi ressortir une des contradictions majeures de la société israélienne, État juif, où une majorité de la population est laïque et a de plus en plus de mal à supporter la pression des religieux.
Invivable depuis longtemps pour les Arabes, Israël le devient de plus en plus pour les Juifs laïcs, progressistes voire simplement tolérants.