- Accueil
- Lutte ouvrière n°2566
- Lidl : “Patron, on est mal !”
Leur société
Lidl : “Patron, on est mal !”
Mardi 26 septembre, le magazine Cash investigation de France 2 a dénoncé les conditions de travail des salariés de Lidl, ainsi que ceux de l’opérateur téléphonique Free. L’entreprise Lidl, dont le principal actionnaire, Dieter Schwarz, détient la troisième plus grande fortune d’Allemagne, compte 1 500 magasins et 30 000 salariés en France. L’émission a souligné l’exploitation des salariés de Lidl et de la grande distribution en général.
Depuis 2013, le management de Lidl a décidé d’augmenter de 15 % la productivité des salariés. Les caissières, travaillant six ou sept heures sans pause, sont devenues polyvalentes, passant de la caisse à la mise en rayon ou au nettoyage. Dans les entrepôts, les préparateurs de commandes doivent tenir l’objectif de porter 250 colis pendant sept heures, soit l’équivalent de huit tonnes par jour. Les salariés sont culpabilisés s’ils n’atteignent pas les objectifs ou s’ils sont en arrêt maladie. Et tout est fait pour les isoler les uns des autres, Les caissières ont interdiction de parler ou de rire pendant le travail. Les préparateurs, munis d’une machine à commande vocale qui leur parle dans un casque, n’ont le droit d’utiliser que 47 mots techniques et se font rappeler à l’ordre par la machine s’ils saluent un collègue, par exemple.
Enfin, après avoir usé le dos, les poignets et les épaules de ses salariés, Lidl les licencie pour inaptitude : sur les 2218 salariés déclarés inaptes en cinq ans, Lidl n’en a reclassé que 22.
Dès le lendemain de l’émission, les langues se sont déliées. Le matin du 26 septembre, les salariés de l’entrepôt Lidl de Rousset, dans les Bouches-du-Rhône, s’étaient mis en grève pour protester contre le licenciement d’un de leurs collègues pour faute grave, pour avoir quitté son poste 23 minutes avant la fin de son service. Le délégué syndical CGT du site témoigne, « Ce qu’on a vu à la télé, c’est notre quotidien. Ceux qui travaillent en magasin ne savaient pas forcément comment ça se passe en entrepôt, et vice versa. » Les salariés de Rousset ont également reconnu « les petites phrases assassines de la hiérarchie, les menaces officieuses entre deux portes ».
Après trois jours de grève, les salariés ont finalement obtenu que le licenciement de leur collègue soit qualifié « sans cause réelle et sérieuse », ce qui lui donnera droit à des indemnités. D’après l’un d’eux, « la première chose qu’on a gagnée, c’est le respect. Et il y aura d’autres combats. »