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Leur société
Police de proximité : le retour
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a annoncé pour la fin de l’année la concrétisation d’une des promesses de campagne de Macron : une « police de la sécurité du quotidien ». C’est donc le retour de la police de proximité instaurée progressivement par le gouvernement Jospin entre 1998 et 2002.
Sa seule évocation déclenche les sarcasmes de la droite, qui parle d’une « vieille lubie de la gauche », et dénonce une manière de détourner les policiers de « leurs priorités » pour les transformer en éducateurs de rue. Déjà en 2003 Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait invoqué les mêmes arguments pour mettre fin à cette police de proximité.
La police de proximité évoque l’image de policiers privilégiant la prévention à la répression. Au contact de la population, des jeunes en particulier, elle préviendrait les incivilités, restaurant ainsi un sentiment de sécurité oublié depuis longtemps. Rien d’étonnant à ce que cette police de proximité soit mieux acceptée que les invasions des CRS ou les expéditions punitives de la BAC, cette Brigade anticriminalité qui concentre la haine des jeunes des quartiers populaires.
Certes, la présence de policiers de proximité parviendrait sans doute à limiter la petite délinquance qui empoisonne la vie dans les cités populaires. Mais elle ne parviendrait en aucun cas à l’éradiquer, car cette dégradation sociale est une conséquence du chômage, de l’appauvrissement, de l’abandon des services publics comme les transports, la poste, l’éducation.
Ce rôle utile, même lorsqu’il atténue certaines tensions dans la vie quotidienne – et ce n’est pas toujours le cas, loin s’en faut – ne règle pas les problèmes qui ont des racines bien plus profondes. Pire même, cette police de proximité n’est qu’une branche de la police, ce corps d’État dont la fonction fondamentale est le maintien de l’ordre, pas tant dans les quartiers dits difficiles, que dans cette société profondément inégalitaire, fondée sur le pouvoir des bourgeois et sur l’exploitation.
L’une des fonctions de cette police de proximité est de servir de caution à la police qui matraque les manifestants et les grévistes.