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Dans les entreprises
Travailleurs détachés : l’exploitation sans frontières
Lors de sa campagne électorale, Macron avait promis de s’attaquer à la question des travailleurs détachés. Il promet de nouveau d’obtenir le durcissement de la directive européenne sur le travail détaché, à l’occasion de sa tournée auprès des dirigeants d’Europe de l’Est, commencée le 22 août.
Cette directive de 1996 permet aux patrons des pays de l’Union européenne d’embaucher des travailleurs venant de tous les pays de l’Union. S’ils sont tenus de les payer au salaire et aux conditions du pays où le travail s’effectue, ils cotisent en revanche aux caisses sociales du pays d’origine de l’entreprise qui détache le salarié.
Il y aurait en ce moment près de 300 000 travailleurs détachés en France. Une bonne partie d’entre eux sont français… et inscrits dans des entreprises d’intérim de pays limitrophes comme le Luxembourg, où les cotisations sociales sont moindres qu’en France. La directive apparaît donc pour ce qu’elle est : une des multiples lois visant à favoriser les affaires des patrons.
C’est encore plus vrai pour les autres travailleurs, ceux qui viennent de l’est ou du sud de l’Europe. Pour eux, la directive sur le travail détaché est bien souvent la porte ouverte à l’exploitation sans frein. Des travailleurs isolés, logés et nourris par leur employeur, ignorant la langue, la loi et les coutumes locales, ayant hâte de rentrer chez eux et acceptant donc de longues journées de travail, dépendant du bon vouloir d’un intermédiaire, peuvent être une aubaine pour des patrons. Et, comme toujours, derrière les petits patrons, il y a les vrais exploiteurs, les très grandes entreprises donneuses d’ordres. On trouve des travailleurs détachés férocement et frauduleusement exploités dans les grands chantiers de prestige comme dans les restaurants étoilés, à construire des paquebots ou à découper des carcasses.
Les démagogues réactionnaires à la Le Pen ou à la Fillon désignent les travailleurs détachés comme des concurrents des travailleurs locaux, voire comme responsables du chômage autochtone. Macron le dit aussi, indirectement, en rendant responsables les gouvernements des pays d’origine et les directives européennes. Mais les seuls responsables sont les patrons, qui cherchent encore et toujours à faire baisser le prix payé pour la force de travail. C’est cette course effrénée aux bénéfices qui détruit les conditions de travail des ouvriers.
La seule limite que trouveront les exploiteurs viendra de la force que sauront leur opposer les travailleurs. La première condition pour être forts, c’est d’être unis, sans distinction de catégorie, de statut, de nationalité. Il n’y a pas de travailleurs détachés, il n’y a que des travailleurs attachés à la même chaîne de l’exploitation.