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États-Unis : Trump du côté des racistes
L’assassinat le 12 aout dernier, à Charlottesville, d’une militante antiraciste par un raciste fonçant sur elle en voiture a provoqué une vive émotion, aux États-Unis et au-delà. Une émotion amplifiée par les déclarations de Trump, accusant au lendemain du meurtre les manifestants antiracistes d’être responsables de la violence dont ils avaient été victimes.
Les manifestants racistes de diverses obédiences s’étaient rassemblés à quelques milliers dans cette ville de Virginie, pour protester contre la décision de la municipalité de Charlottesville de déboulonner la statue du général Lee, chef des sudistes durant la guerre de Sécession, devenu une figure symbolique de la défense de l’esclavage et, depuis, des défenseurs des thèses racistes.
Il existe encore aux États-Unis quelque 1 500 monuments célébrant ces tristes héros sudistes qui, lors de la guerre de Sécession, s’insurgèrent contre les États du Nord. Pour vaincre cette Confédération du Sud, les États du Nord durent émanciper les esclaves noirs. Au cours de la période de Reconstruction qui suivit (1865-1877), les anciens esclaves et les Blancs pauvres purent bénéficier de quelques droits, droits de vote et d’éligibilité, à l’éducation, à la propriété, etc. Mais cela ne dura que le temps pour la bourgeoisie industrielle du Nord d’établir un nouvel accord avec l’aristocratie terrienne du Sud, lui laissant les mains libres pour rétablir une oppression féroce envers la population noire.
C’est alors que le Ku Klux Klan vit le jour, afin de terroriser les Noirs et de créer un fossé avec les Blancs pauvres. Les lynchages de Noirs mais également de Blancs, se terminant par des pendaisons après tortures et mutilations, se généralisèrent. Cette ségrégation fut légalisée à la fin du siècle par des lois dites Jim Crow dans le Sud. C’est à cette époque qu’une bonne partie des monuments à la gloire des héros esclavagistes furent érigés. D’autres le furent en réaction au mouvement des droits civiques combattant pour l’abolition de la ségrégation, dans les années 1950 et 1960.
Pour justifier sa défense de ces symboles du racisme, Trump a déclaré qu’« ils font référence à une partie de l’histoire du pays ». Mais aucun de ces monuments n’évoque les souffrances des esclaves ni leurs révoltes, ni les massacres de la Guerre civile, qui font tout autant partie de l’histoire des États-Unis. Lorsque qu’il a affirmé qu’il y avait des « des gens bien dans les deux camps », faisant la part belle aux suprématistes blancs, aux néo-nazis, au Ku Klux Klan, il a été désavoué par des politiciens de son propre parti. Des patrons ont même démissionné d’instances gouvernementales.
Ces grands patrons s’étaient jusqu’alors accommodés de son racisme. Ils estiment sans doute désormais que l’intérêt de leurs affaires leur commandait de s’écarter de ce président sulfureux. Pourtant, des propos racistes, Trump en tient depuis longtemps, et ce n’est pas original. L’appareil d’État américain est imprégné de racisme, pas seulement dans le Sud ex-esclavagiste. C’est ce que reflètent les propos abjects du locataire de la Maison-Blanche.
En réaction au meurtre de Charlottesville et aux propos de Trump, des manifestations ont eu lieu dans tout le pays samedi 19 août, dont certaines nombreuses (40 000 à Boston selon la police).
Et d’autres protestations avaient répondu aux meurtres répétés perpétrés par la police. Il ne sera pas dit que ce seront les racistes qui auront le dernier mot.