Après la fusillade de Toulouse : Échange verbal dans tous les coins29/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2278.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après la fusillade de Toulouse : Échange verbal dans tous les coins

Trois cents balles ont été tirées, nous dit-on, lors de l'assaut qui a permis de mettre fin à la dérive meurtrière de Mohamed Merah à Toulouse. Mais depuis, on a continué à tirailler dans tous les coins. Moins tragiquement, il est vrai, dans les studios de radio et devant les caméras de la télévision, les experts et les politiciens s'y sont succédé, se contredisant à qui mieux mieux.

On a pu voir par exemple le commandant Prouteau, ancien responsable du GIGN, faire semblant de s'interroger à propos de l'assaut du RAID. « Comment se fait-il, a-t-il dit, que la meilleure unité de police ne réussisse pas à arrêter un homme tout seul ? » Et d'ajouter, non sans perfidie : « En soixante-quatre opérations menées par le GIGN, il n'y a pas eu un mort. » Prouteau a dû en retour subir une réponse du directeur de la police nationale, un nommé Péchenard, se déclarant non intéressé par « les polémiques sur l'intervention du RAID menées par des spécialistes auto-proclamés du terrorisme ou une ancienne gloire vieillissante de la gendarmerie. » Dont acte ! Mais pourquoi cela intéresserait-il les téléspectateurs à qui on a servi, jusqu'à l'indigestion, ces controverses ?

Cela n'a pas empêché les Sarkozy, Guéant et le choeur des Copé, Kosciusko-Morizet et autres chargés de la propagande du candidat-président, de répéter que les forces de l'ordre avaient fait de l'excellent travail, introduisant un nouveau dogme, celui de l'infaillibilité de la police, et menaçant des foudres de l'enfer les mécréants qui oseraient le braver.

Les concurrents de Sarkozy, Hollande, Bayrou, Le Pen et même Eva Joly se sont mis au garde-à-vous, participant à une mise en scène officielle qui n'avait rien à voir avec la compassion qu'on peut, légitimement et humainement, éprouver à l'égard des victimes et de leurs proches.

De plus, on voulait faire croire que durant ce deuil, la campagne de la présidentielle était suspendue, sous prétexte que Sarkozy l'avait décrété ! À d'autres ! Il était évident qu'elle continuait, sur le terrain imposé par la droite sarkozyste et dans un contexte qui faisait trépigner de bonheur l'extrême droite.

Il n'y a pas que cette campagne qui ne faisait pas vraiment une pause. La vie continuait, elle aussi. Avec la même cohorte de licenciements réels ou annoncés, avec ici ou là des suicides, conséquences du harcèlement au travail, à La Poste ou ailleurs. Mais ces événements-là n'obligeaient pas les médias à bouleverser leur grille de programmes.

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