Irak : Cinq ans de guerre au peuple irakien21/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2068.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Cinq ans de guerre au peuple irakien

C'est le 20 mars 2003, il y a cinq ans, que les premiers missiles lancés par les armées américaines et britanniques frappaient l'Irak.

Comme bien d'autres guerres avant elle, cette guerre fut lancée sur la base de mensonges purs et simples de l'administration Bush, qui inventa de toutes pièces une prétendue connexion du régime de Saddam Hussein avec le groupe terroriste Al-Qaida, responsable des attentats du 11 septembre 2001 à New York. Elle prétendit aussi que les dirigeants irakiens disposaient d'armes de destruction massive. En fait, il s'agissait tout simplement pour les États-Unis de prendre par la force le contrôle d'une région riche en pétrole.

Épuisé par huit ans de guerre avec l'Iran dans les années quatre-vingt, par une première guerre contre les puissances impérialistes en 1991, et un embargo économique, ponctué de bombardements américains, tout au long des années quatre-vingt-dix, le régime de Saddam Hussein tomba facilement. En mai 2003, le président Bush annonçait sa victoire : " mission accomplie ". Il prétendait alors aider les Irakiens à reconstruire leur pays. Commença alors l'occupation américaine, qui n'a pas cessé depuis.

Pendant ces cinq années, les destructions ont été bel et bien massives et le bilan humain est très lourd.

Côté américain, un million de soldats se sont succédé en Irak. 4 000 y sont morts et près de 30 000 en sont revenus blessés, handicapés ou traumatisés. La rubrique des faits divers, aux États-Unis, est désormais émaillée de crimes commis par d'anciens GI's.

Mais, côté irakien, le bilan est bien plus terrible encore. Au moins 150 000 civils irakiens seraient morts directement du fait de la guerre. Mais 600 000 autres civils seraient morts, victimes de la destruction du système de soins, des réseaux de distribution électrique et d'eau potable. L'augmentation des prix des denrées de première nécessité est si forte que quatre millions d'Irakiens (sur 27 millions) souffrent de malnutrition. Plus de dix millions n'accédent pas à l'eau potable. Des millions d'hommes vivent sans éclairage. Le chômage atteint 50 %.

Officiellement, l'occupation militaire était censée ramener la paix et la prospérité, puisque le dictateur était chassé. Elle a engendré au contraire une multitude de conflits opposant les anciens partisans, sunnites, de Saddam Hussein aux nouveaux occupants, mais aussi aux milices chiites.

À plusieurs reprises, ces affrontements ont pris la forme de véritables guerres civiles. Les autorités américaines s'appuyaient sur la communauté chiite pour mettre en place un semblant de gouvernement civil, les milices chiites réussirent à contrôler les trois quarts de Bagdad. Deux millions de réfugiés, en majorité sunnites, quittèrent l'Irak pour la Jordanie ou la Syrie. Mais deux autres millions, chassés de leur maison par les différentes milices ou l'armée américaine, et n'ayant pas les moyens de quitter le pays, sont devenues des réfugiés dans leur propre pays.

Les autorités américaines ont recherché ces derniers temps également le soutien de guérillas sunnites survivantes, leur distribuant argent et moyens dans l'espoir de rétablir un équilibre. Si les affrontements ont baissé d'intensité dans la dernière période, c'est que beaucoup de combattants ont été tués et que la capitale Bagdad est désormais divisée en une série de ghettos sunnites ou chiites, séparés par des murs de béton. Et si l'actuel Premier ministre Nouri al-Maliki se vante que le calme soit revenu, même pour de courts déplacements au coeur de la capitale il doit continuer d'utiliser des véhicules blindés et se faire accompagner de centaines de gardes armés.

Pour justifier leur intervention, les États-Unis ont agité le chiffon de la démocratie, mais ils n'ont amené au peuple irakien que le chaos. Ces cinq ans de guerre auraient coûté en moyenne cent milliards de dollars par an au budget américain, sans parler de tous les autres coûts, économiques et humains. Cet argent aura surtout bénéficié aux trusts américains qui ont tiré profit de la guerre et de la prétendue " reconstruction " qui l'a suivie. C'est ce qui faisait dire à Dick Cheney, un des responsables de cette guerre, en déplacement ces jours-ci en Irak, qu'elle a été " couronnée de succès ". Mais pour la population irakienne, c'est un véritable désastre. Selon la Croix-Rouge, la " plupart des régions du pays restent parmi les plus critiques de la planète ".

Les États-Unis se sont engagés dans ce conflit pour conforter leurs intérêts dans la région. Aujourd'hui, une grande partie de l'opinion américaine souhaite que l'armée rentre à la maison. Mais les dirigeants américains n'ont pas l'intention de le faire, même si les candidats démocrates le laissent entendre.

Le refus de nombreux jeunes Américains de participer à la guerre du Vietnam a pesé dans la décision des dirigeants US d'y mettre fin. C'est peut-être un tel rejet qui finira par les décider à mettre fin à l'occupation de l'Irak.

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