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- Lutte ouvrière n°1654
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Dans les entreprises
Aluminium Dunkerque : Cinquième semaine de grève, sans faiblesse
Depuis le 21 février, 80 % des opérateurs de production, 40 % des employés, techniciens et agents de maîtrise, ainsi qu'un cadre, sont en grève à Aluminium-Dunkerque.
Cela faisait trois ans que la préoccupation essentielle et permanente de la direction consistait à réduire les effectifs, secteur par secteur, poste par poste, entraînant un accroissement permanent de la charge de travail des opérateurs, pendant que la production et la qualité exigée ne cessaient de croître.
Malgré tous les cabinets d'expertises qui se sont penchés sur nous ces dernières années, la direction ne s'était pas aperçue qu'une telle politique avait ses limites, et qu'elles étaient atteintes quand les discussions pour la réduction du temps de travail se sont engagées. La participation massive des opérateurs de production à la grève, l'engagement des employés, des techniciens et les sentiments solidaires de nombreux cadres en sont la manifestation depuis maintenant un mois.
Nous demandions 15 jours de repos supplémentaires pour les postés, 19 jours pour le personnel de jour, encadrement compris (ou la semaine de 4 jours) et l'embauche de 40 salariés, ce qui n'était que la stricte application du calcul de réduction du temps de travail, ainsi que la simple régularisation en contrats à durée indéterminée du nombre moyen d'intérimaires et de salariés en contrats précaires depuis des années. Mais la direction maintient, avec entêtement, son refus d'aller au-delà de 10 jours de repos supplémentaires pour les postés, de 11 jours pour le personnel de jour.
De plus, contrairement à l'objectif de créer des emplois qui est censé être celui de la loi Aubry, la direction rejette toute proposition d'embauche, y compris de salariés actuellement en contrats de qualification.
Cette politique de la direction n'est pas due au simple coût de ce que nous demandons. Chiffrée à 14 millions de francs par an, notre revendication ne représente que 1/8e du bénéfice des 110 millions que l'entreprise a réalisés en 1999 (et 1,7 milliard pour le groupe Pechiney). Chaque jour de grève coûte 1,8 million de francs à la direction. Ce qui fait qu'un mois de grève lui revient déjà à près de 4 années d'application de notre revendication.
La direction envoie lettre sur lettre au domicile de chaque membre du personnel pour le mettre en garde contre une " grève dévastatrice " et la " bombe à retardement " que représenterait l'état de dégradation des cuves d'électrolyse. Grâce au travail continuel des grévistes, l'état des cuves n'est pas pire qu'à certaines époques des années passées. Et s'il y a " bombe à retardement ", c'est bien elle qui en a allumé la mèche !
Certaines entreprises, comme Rhenalu à Neuf-Brisach, commencent à avoir des difficultés d'approvisionnement en plaques d'aluminium et ont dû réduire la production.
Le personnel du laboratoire de Pechiney Voreppe a refusé de traiter des échantillons de contrôle, prélevés dans les cuves par des techniciens non grévistes. Ils sont repartis vers un laboratoire en Hollande qui a refusé aussi... Ils vont peut-être faire le tour du monde !
Samedi 18 mars, en présence de l'inspecteur du travail, la direction du groupe a fait annoncer par le directeur de l'établissement de probables réductions de personnel pour 2002, alors même qu'en novembre 1999 il prévoyait d'éventuelles embauches. Cela relève de la provocation.
En cette cinquième semaine de grève, les messages de solidarité et les soutiens financiers nous parviennent de plus en plus fréquemment. La direction s'est engagée à nous verser la prime d'intéressement, l'équivalent d'un mois de salaire, à la fin du mois. Le moral est très bon, il n'y a eu que quelques abstentions sur 280 à 300 votants pour reconduire la grève.
Faudra-t-il tenir 2 mois pour obtenir satisfaction, comme les fonctionnaires des impôts et du Trésor ?