Tour à tour, les grandes banques ont annoncé leurs résultats pour l'exercice 1999. Leurs dirigeants pavoisent : BNP Paribas a réalisé un bénéfice de 21 milliards de francs, la Société Générale a gagné 13 milliards. Le Crédit Lyonnais, présenté il y a peu comme convalescent après ses pertes des années 1990, vient d'annoncer un bénéfice de 3,6 milliards de francs.

Les banquiers n'en sont pas à une indécence près. Ce sont les mêmes en effet qui, il y a tout juste quelques semaines, racontaient que le maintien en l'état de la convention collective leur coûterait trop cher.

Le bénéfice net du Crédit Lyonnais a été multiplié par 3,4 en une année. Le PDG, Peyrelevade, est satisfait. Mais il dit déjà qu'il faut " accélérer la cadence ".

Une grosse part des bénéfices résulte de la sale politique de suppressions d'emplois mise en oeuvre, à grande échelle, par la direction.

" Accélérer la cadence ", réduire encore les frais de personnel, cela passe, pour la direction, par supprimer encore et à nouveau des emplois, par aggraver toujours plus les conditions de travail de ceux qui restent.

C'est ce que la direction a programmé, et ce dès l'année 2000 : elle a planifié une réduction des effectifs de 1 000 personnes. Et comme elle compte embaucher des jeunes, le nombre de départs sera plus élevé encore. Préretraites et plan " social " sont d'ores et déjà à son programme.

En fait, plus les banquiers en ont et plus ils en veulent. Seuls leurs prétextes changent. Il y a quelques années, ils supprimaient des emplois soi-disant pour " combler le trou du Crédit Lyonnais ". Puis ils ont invoqué une " rentabilité moindre que celle des autres banques ". Et maintenant que la banque étale ses bénéfices, ils en veulent tout simplement de plus copieux encore, pour le plus grand profit des actionnaires.

Depuis juillet 1996, au Crédit Lyonnais, les employés n'ont eu aucune augmentation générale des salaires. Et ce n'est pas la prime de 6 000 francs que la direction vient d'annoncer - suite aux bénéfices - qui fait le compte.

Il en est pourtant qui sont loin de subir le blocage des salaires. En effet le président, qui avait perçu 2 070 800 francs en 1999, touchera 4,2 millions cette année. Le directeur général, Ferrero, aura 2,5 millions.

Il ne s'agit là que de la partie fixe de leur salaire. Si on compte aussi les rémunérations variables, Peyrelevade pourra toucher jusqu'à 7,1 millions cette année, et Ferrero 4 millions.

Et cela sans compter les stock-options qu'ils se sont en outre généreusement accordées. Ce sont bien entendu les mêmes qui viennent nous vanter les mérites de l'austérité !

Face à l'appétit sans fin des banquiers, nous aurons intérêt à réagir, et à refuser d'avaler ça.