Dassault (Argenteuil-95) : Dassault doit payer !24/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1654.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dassault (Argenteuil-95) : Dassault doit payer !

Commencé fin février, la lutte des travailleurs de chez Dassault pour en finir avec le blocage des salaires que nous subissons depuis une quinzaine d'années, et réclamer 1500 F d'augmentation pour tous, n'a pas faibli, bien au contraire.

Ainsi, le mardi 21 mars, à l'appel de la CGT et de la CFDT, nous étions près de 2000 travailleurs des sites d'Argenteuil, Biarritz, Argonnay, Bordeaux, Poitiers et Vélizy, à nous regrouper d'abord à Saint-Cloud avec les salariés des bureaux d'étude, avant de nous rendre tous ensemble pour manifester au rond-point des Champs-Elysées, à l'hôtel particulier de Dassault, d'où il tire les ficelles de son empire.

A cette occasion, la direction générale n'a pas vraiment concédé davantage que lors de son premier recul, une dizaine de jours auparavant (voir LO n° 1653 du 17 mars).Il n'empêche que le nombre de manifestants, leur dynamisme et le fait qu'en conséquence la production n'avance guère dans les usines, lui posent un sérieux problème.Aussi voudrait-elle bien parvenir à nous faire abandonner notre offensive.

Seulement voilà, à Argenteuil, de nouveaux secteurs, des techniciens, ont rejoint le mouvement pour les 1500 F, et malgré la tentative de laisser pourrir le conflit, la mobilisation s'est renforcée en entraînant d'autres sites, comme en témoigne la manifestation du 21 mars.

A Argenteuil, sous couvert d'une visite technique, un ancien directeur de l'usine, qui jouait volontiers la carte du paternalisme et a depuis rejoint la direction générale, est venu prendre la température le mardi 14 mars. Il a rapidement jugé plus prudent de prendre la poudre d'escampette... suivi par 400 d'entre-nous qui lui rappelaient que nous ne désarmions pas.Le lendemain, c'est un huissier, mandaté par la direction locale pour nous filer le train, lors des manifestations qui silllonnent chaque jour l'usine durant les débrayages, qui a retrouvé ses jambes de vingt ans pour fuir l'usine. Bref les tentatives de la direction pour nous impresssionner lui reviennent comme un boomerang, et contribuent même à maintenir l'ambiance à la mobilisation, et la confiance est toujours là.

Dassault a largement de quoi payer. Il détourne, par exemple, 200 millions de francs chaque année de loyers versés par Dassault-Aviation à une société immobilière, 100 % Dassault " pur fruit, pur sucre ".Les profits avoués de l'entreprise n'en demeurent pas moins confortables : plus d'un milliard de francs en 1999.La rentabilité de la société ne cesse de croître, la valeur ajoutée par salarié était de 450 000 F en 1994, elle atteignait 772 000 F en 1999, tandis que Dassault, dans sa tour d'ivoire, continuait à nous asséner ses sermonts sur la réduction des coûts.Cette année, il en rajoutait même une couche, avec la complicité de la CGC et FO, en prétextant de pauses virtuelles pour justifier son refus de nous accorder six jours de congés supplémentaires dans le cadre de la réduction du temps de travail à 35 heures. La corde a cassé, le mécontentement accumulé se traduit par une détermination imposée par les plus jeunes d'entre nous mais partagée par tous.

Près d'un mois après le début de notre mouvement, nous n'avons pas renoncé à faire payer Dassault.Celui-ci cherche des artifices pour faire passer une partie de l'intéressement qui nous est attribué chaque année dans notre salaire, ceci pour trouver une issue sans toucher à ses profits.Le fait qu'il louvoie témoigne du problème que nous lui posons.Nous, nous avons la solution : il doit payer 1500 F de plus mensuellement à tous.

Partager