150 ans après la Commune : l’archevêque n’a rien appris ni rien oublié09/06/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/06/2758.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

150 ans après la Commune : l’archevêque n’a rien appris ni rien oublié

Samedi 29 mai, l’archevêque de Paris a organisé une procession commémorant ceux qu’il appelle les martyrs de la Commune de Paris, sur les lieux mêmes de leur exécution.

Le pape avait patronné la manifestation en accordant l’indulgence plénière aux processionnaires, soit un ticket prioritaire pour le paradis.

Malgré cette promesse sensationnelle, il ne s’est trouvé que trois cents grenouilles de bénitier d’âges divers pour parcourir les rues de Ménilmontant derrière les prêtres en grande tenue. Les martyrs ainsi honorés ne sont évidemment pas les 20 000 communards tombés pendant les combats ou fusillés en masse par l’armée, pas plus que les milliers de condamnés, exécutés ou déportés après la victoire de la République bourgeoise sur la Commune ouvrière. Les martyrs de l’archevêque sont les dix prêtres pris alors en otages par la Commune en vue de les échanger contre des militants emprisonnés, le vieux révolutionnaire Blanqui en particulier. Thiers ayant refusé l’échange, peu soucieux de la vie d’une poignée de curés mais craignant de rendre un chef aux insurgés, les otages furent fusillés au moment où les Versaillais entamaient leur massacre final.

La procession ayant soulevé quelques réactions à son passage, les organisateurs ont mollement affirmé que leur geste était strictement religieux. Certes, comme l’étaient ceux de leurs prédécesseurs bénissant depuis bientôt deux millénaires les armes de tous les défenseurs de l’ordre établi, soutiens des puissants, massacreurs de peuples et fusilleurs d’ouvriers...

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