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Renault – Douai : grandes manœuvres au Pôle Nord
Le « Pôle Nord », c’est la somme des trois sites du groupe situés dans le Nord – Pas-de-Calais : Renault Douai, STA Ruitz et MCA Maubeuge. Renault veut depuis quelques mois transformer cet ensemble en « pôle d’excellence des véhicules électriques ».
Les trois usines sont regroupées en une nouvelle filiale nommée Renault ElectriCity. Déjà, les politiciens de droite, d’extrême droite, de gauche, en lice pour les élections départementales et régionales, saluent sa naissance. Ils se disent prêts à sortir le carnet de chèques pour aider Renault, pourtant déjà gavé de cadeaux d’argent public et qui en plus a fait 24 milliards de bénéfices en dix ans et annonce 16 milliards de cash.
La presse aussi salue la nouvelle filiale, en insistant sur les 700 créations d’emplois envisagées pour 2023 ou 2024 ou après, sans rappeler que le plan Renault de suppressions d’emplois est toujours d’actualité.
Renault s’est servi de cela pour réclamer le soutien des syndicats. Des semaines entières de chômage à Douai, la fin des productions à Ruitz, la menace de fermeture de MCA Maubeuge en 2020 « pour faire des économies », tout cela créait un climat d’inquiétude dans les trois usines. Et les nouvelles du groupe aussi : la fermeture de Renault Choisy, le démantèlement programmé de Flins, ou le lâchage des fonderies par Renault sont autant de mauvaises nouvelles qui ont favorisé son chantage.
Le plan de Renault introduit donc un certain nombre de reculs : la création d’une filiale à direction autonome, où « tout devra être renégocié hors Renault : dialogue social, principes de rémunération, modes de management ». Quinze mois de négociations sont prévus ! En attendant, voici qu’arrive l’overtime, comme chez Toyota ou PSA, avec un délai de prévenance de deux heures, l’allongement du temps de travail, le maintien du salaire pour les employés actuels (et donc pas pour les futurs embauchés).
Malgré cela, tous les syndicats ont signé ce plan ! Les uns ont joué l’enthousiasme : « Enfin, un plan qui garantit la fabrication de véhicules chez nous ! » Et d’autres ont dit oui, mais : « Le projet industriel est cohérent, mais il est important que le volet social soit du même acabit. » Et justement ce n’est pas le cas !
Les travailleurs sortant de l’usine mardi 8 juin refusaient le plus souvent de répondre aux journalistes qui tendaient leurs micros. Mais, pris à part, ils expliquaient qu’ils ne voyaient pas d’autre solution, même si on sait bien que le patron ne fera pas de cadeaux. Et, comme le disait un ouvrier, furieux de la signature unanime des syndicats : « De toute façon, accord ou pas, il faudra se battre ! »