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- Lutte ouvrière n°2758
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Leur société
Féminicides : est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Mardi 8 juin, pour la cinquantième fois depuis le début de l’année, une femme tombait sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint.
L’histoire et les circonstances sont bien sûr à chaque fois différentes et les procès, lorsqu’il y en a, individualisent chacun de ces crimes. Mais une telle accumulation, une telle répétition et depuis si longtemps, car si le terme de féminicide est récent le fait est immémorial, démontrent qu’il s’agit d’un fait social.
Devant la pression des organisations féministes et, heureusement, d’une grande partie de l’opinion publique, le gouvernement affirme mettre des moyens pour aider les femmes soumises aux violences conjugales et menacées de mort. Ces moyens sont dérisoires. Dans bien des cas, les conjoints violents ont été signalés, les plaintes ont été déposées, sans que rien ne soit fait jusqu’au dénouement fatal.
Il n’y aurait par exemple que 45 bracelets anti-rapprochement utilisés, sur les mille disponibles. Les tribunaux sont engorgés et les jugements contraignant au port du bracelet tardent. Entre le moment où une femme trouve le courage d’aller déposer plainte et celui où elle reçoit concrètement de l’aide, il peut se passer une éternité. Et combien de femmes continuent à subir les coups, parce qu’elles n’ont ni endroit où aller avec leurs enfants, ni moyens de vivre hors du foyer ? Contrairement à ce qu’affirment les ministres, l’État ne fait même pas le minimum pour aider les femmes en danger.
Il aura fallu plus d’un siècle de lutte des femmes, de combats révolutionnaires et de pression du mouvement ouvrier pour que l’égalité entre les sexes entre dans la loi, électorale d’abord, civile ensuite. Les droits concrets, droit de disposer de son corps, égalité salariale, par exemple, n’existent toujours pas. Les femmes, les travailleuses au premier chef, ont à se battre tous les jours pour se faire respecter, car ce monde basé sur l’exploitation du travail humain sécrète le mépris des femmes par tous ses pores. L’assassinat comme le viol sont les formes paroxystiques de ce mépris social, ancestral mais pas éternel. C’est pourquoi chaque femme poignardée, défenestrée, abattue en pleine rue, chaque féminicide condamne, au-delà du conjoint criminel, de l’État incapable et des ministres menteurs, toutes les chaînes de l’oppression.