Droit de procréer : avancée à pas de tortue09/06/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/06/2758.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Droit de procréer : avancée à pas de tortue

Les 5 et 7 juin, les réactionnaires de la Manif pour tous étaient de sortie. Ils tenaient à faire entendre leur opposition à ce qu’ils appellent « les dérives idéologiques du gouvernement », au moment où le projet de loi relatif à la bioéthique, et notamment le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes, était examiné en nouvelle lecture par les députés.

Ils étaient quelques dizaines à Nantes et à Angers, deux cents à Paris, à vouloir interdire aux femmes célibataires ou en couple homosexuel d’avoir recours légalement à la PMA pour avoir un enfant, et au remboursement du coût de la technique mise en œuvre. Aux cris de « Liberté, égalité, paternité », ou du recuit « La famille, c’est un papa et une maman », ils prétendaient imposer à tous leur norme familiale. Le geste est très connoté donjon et blason, à l’heure où les familles, et surtout les familles populaires, ont explosé du fait du chômage, des multiples difficultés quotidiennes et de la nécessité de se déplacer pour trouver un emploi. Leurs manifestations permettent surtout à quelques politiciens de droite extrême de se présenter comme un rempart contre une évolution sociale à laquelle près de 70 % de la population adhère.

Cette promesse de campagne de Macron datant de 2017, si elle est finalement adoptée en 2021, aura mis des années à voir le jour. De Conseil des ministres en Assemblée nationale, avec passage devant les sénateurs, elle se sera heurtée à plusieurs milliers d’amendements pour, simplement, éviter aux femmes lesbiennes ou célibataires qui le souhaitent de procréer sans encadrement médical, en prenant des risques pour leur santé. Elles doivent actuellement avoir recours à des « PMA artisanales », devant se rendre dans les pays où la PMA pour toutes est autorisée, comme l’Espagne et bien d’autres. Il leur reste alors à affronter l’insécurité juridique et la charge financière.

Alors qu’un quarteron de députés LR joue le jeu de l’opposition très à droite en posant, cette fois encore, plus de 1 500 amendements, le ministre de la Santé, Olivier Véran, se prend à espérer que « nous y sommes enfin ». Et d’attribuer à cette loi, et donc au gouvernement dont il fait partie, rien moins que « la marque d’un progressisme qui a gardé le sens des conquêtes », en affirmant de surcroît sans rire parler en connaissance de cause, car il n’a « jamais perdu [sa] boussole militante ». Les victimes de sa politique d’économies sur la santé apprécieront.

Si ce texte de loi est enfin voté, faisant passer dans le droit une simple situation de fait pour des milliers de femmes concernées, Macron s’en attribuera peut-être le mérite et ce sans la moindre dépense, mais ce ne sera qu’élémentaire justice.

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