États-Unis : Bezos ne veut pas de syndicat14/04/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/04/2750.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Bezos ne veut pas de syndicat

Tous ceux qui sont hostiles au mouvement ouvrier et aux travailleurs ont pu se réjouir que le vote des employés de l’entrepôt Amazon de Bessemer, en Alabama, au cours du mois de mars, aboutisse au refus de l’implantation d’un syndicat.

Mais ce résultat est loin de refléter des choix effectués librement par les salariés.

Aux États-Unis, un salarié peut bien sûr adhérer individuellement à un syndicat, mais la question est de savoir si son entreprise le reconnaît. Dans ce cas, elle est considérée comme syndiquée et tous ses salariés sont automatiquement adhérents du syndicat reconnu comme leur représentant face au patron, notamment lors des négociations du contrat de travail collectif ; si elle ne l’est pas, aucun employé n’est considéré comme représenté par un syndicat et le patron n’a pas à s’embarrasser de quelconques négociations. À ce jour aucun des sites américains d’Amazon n’a reconnu de syndicat.

Il ne suffit pas que des travailleurs disent qu’ils veulent se syndiquer pour surmonter l’opposition du patron. Pour que le syndicat soit reconnu, l’État impose une procédure qui dure des mois, à l’issue de laquelle un scrutin peut être organisé. C’est ce qui a permis à la direction d’Amazon de mener une campagne antisyndicale de grande envergure avec tous les moyens de cette entreprise géante.

3 000 personnes, soit la majorité des 5 600 employés de cet entrepôt, avaient pourtant signé une carte syndicale en fin d’année 2020. Mais une partie a été poussée vers la sortie ou licenciée avant le vote. Les autres ont été obligés d’assister à des réunions hebdomadaires de propagande antisyndicale tenues par les chefs, dont les arguments étaient affichés jusque dans les toilettes. La direction a utilisé les réseaux sociaux pour propager de fausses nouvelles, laissant entendre que la syndicalisation se traduirait par la fermeture de l’entrepôt et donc par la perte des emplois. Dans cette atmosphère, la plupart des travailleurs ont préféré ne pas prendre part au vote, tandis que 738 ont voté en faveur du syndicat.

Ces derniers mois, sollicités par les appareils syndicaux, plusieurs dirigeants du Parti démocrate sont venus en Alabama pour faire des discours en faveur de la syndicalisation chez Amazon. Depuis Washington, le nouveau président Biden a même parlé du droit des travailleurs à s’exprimer en faveur d’un syndicat. Mais pendant les discours des politiciens, Amazon agissait.

Aujourd’hui, Amazon est le second employeur des États-Unis, avec un million de salariés. Leur exploitation est telle que la plupart d’entre eux restent moins d’une année dans ses entrepôts. Mais la pression du chômage, qui a considérablement augmenté depuis un an, permet à Amazon de les remplacer aisément malgré des conditions de travail exténuantes.

Profiter de la misère qui s’étend pour renforcer l’exploitation : c’est ainsi que le principal actionnaire d’Amazon, Jeff Bezos, est devenu l’homme le plus riche des États-Unis.

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