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Leur société
Enseignement : Blanquer et la loi hiérarchique
Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, est omniprésent sur les plateaux de télévision pour se présenter comme le défenseur de la laïcité, d’après lui mise à mal dans les écoles.
Cette propagande mensongère est en fait un des éléments de la pression exercée sur le monde enseignant pour le mettre au pas.
À l’instar de la ministre de l’Enseignement supérieur qui avait affirmé que l’université était gangrenée par l’islamo-gauchisme, Blanquer s’en prend à « une partie de la gauche qui a dérivé, cette frange a la victimisation comme boussole, par peur, lâcheté et clientélisme. […] On doit être d’une extrême vigilance ». Le propos est suffisamment vague pour ne rien vouloir dire. Mais le ton est donné : ce sont bien des enseignants de gauche qui sont visés, tout comme l’UNEF, le syndicat étudiant accusé les semaines passées de dérive « fasciste » par le même Blanquer.
Imposer un discours unique derrière ce qu’il appelle les valeurs de la République est l’une de ses manières d’essayer de faire taire les enseignants et donc de limiter les moyens de contester sa politique.
Ainsi, au moment de l’attentat contre Samuel Paty, le ministre avait accepté la tenue de réunions. Mais la veille de la rentrée, craignant que les réunions de professeurs ne tournent en critique de sa politique sanitaire et éducative, il a opéré une volte-face et intimé l’ordre aux enseignants de prendre les élèves sans leur laisser le temps de discuter entre eux et de partager leur émotion.
Dans de nombreux établissements, les enseignants ont passé outre, se sont réunis et se sont heurtés à leur administration. C’est dans ce cadre que plusieurs enseignants, à Saint-Denis et à Choisy-le-Roi, ont été convoqués en mars au rectorat de Créteil en vue d’être sanctionnés.
Le cas du lycée Angela-Davis, à Saint-Denis, est significatif. Ce lycée, comme nombre de lycées de Seine-Saint-Denis, cumule les difficultés : des classes surchargées, des professeurs non remplacés. Mais c’est aussi un lycée combatif. En 2019, après une réaction collective, le rectorat a diligenté une inspection générale pour étudier les manquements à la laïcité dans le lycée ! De cette inspection, il n’est dans un premier temps rien sorti.
Malgré cela, suite à la mobilisation en novembre 2020 pour l’application d’un protocole sanitaire, le couperet est tombé. Quatre enseignants, dont trois militants syndicaux, ont alors été convoqués pour sanction. Les prétextes invoqués sont multiples : non-respect de la laïcité mais aussi manquements à la hiérarchie. Car c’est bien le fond du problème. Le ministère, par la voix des recteurs d’académie ou des chefs d’établissement, veut sévir contre les contestataires, apprendre aux enseignants à se taire même devant le meurtre d’un des leurs, et globalement à obéir au gouvernement. Il craint tout simplement la colère que sa politique finira forcément par faire exploser parmi les travailleurs de l’enseignement, comme parmi les autres.