#SciencesPorcs : un monde politique qui se porte mâle17/02/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/02/2742.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

#SciencesPorcs : un monde politique qui se porte mâle

Depuis fin janvier, les témoignages de violences sexistes et sexuelles dont ont été victimes les étudiantes des différents Sciences Po (IEP) de France se multiplient sur les réseaux sociaux.

C’est le livre de Camille Kouchner, qui accuse d’inceste son beau-père, Olivier Duhamel, président de la fondation qui chapeaute Sciences Po Paris, qui a libéré la parole des étudiantes. Leurs messages font état de comportements sexistes, de violences sexuelles, y compris des viols, dans les écoles de Sciences Po à Paris, Toulouse, Bordeaux, Strasbourg… Le mot-clé #sciencesporcs les rassemble sur les réseaux sociaux. Ces témoignages reprochent aussi aux directions de ces établissements leur silence et l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces actes, étudiants ou professeurs.

Dans ce milieu, les comportements machistes, sexistes et les agressions ne sont pas rares. Cela commence lors des rites humiliants d’intégration en première année, que les étudiants acceptent par peur des représailles, et cela se poursuit lors des soirées étudiantes et en privé. L’administration laissant faire, ces comportements se transmettent de génération en génération comme si tout cela était normal.

Pourtant l’administration sait très bien qu’il y a un problème. Elle se défend, en mettant en avant l’existence d’une « cellule de veille et d’écoute » contre les violences sexistes et sexuelles mise en place en 2015. Cette cellule, selon le syndicat étudiant Unef, n’a pas de budget, n’existe que dans un des sept campus, et n’a jamais jusque-là donné lieu à une commission disciplinaire pour un agresseur. Des professeurs défendent l’école, en disant que ces comportements ne sont pas spécifiques à Sciences Po. C’est sans doute vrai, mais le fait que Sciences Po soit le lieu de formation des dirigeants d’une société perpétuant l’oppression des femmes ne peut qu’aggraver les choses. Olivier Duhamel était aussi président du Siècle, un club très privé où se retrouvent grands patrons, politiciens et intellectuels de la grande bourgeoisie, un club composé à 80 % d’hommes. Comment s’étonner que les étudiants qui intègrent ces écoles, et qui veulent réussir dans ce monde, adoptent et reproduisent les comportements de mâles dominants de leurs parrains et aillent pour certains jusqu’aux agressions ?

Dans une autre institution, l’Assemblée nationale, les scandales récurrents provoqués par les insultes sexistes de députés hommes quand une femme prend la parole donnent une idée de la mentalité d’une partie des « élites » politiques.

Après la démission le 9 février de Frédéric Mion, président de Sciences Po Paris, qui avait couvert en connaissance de cause les comportements d’Olivier Duhamel, la ministre de l’Enseignement supérieur a annoncé qu’elle allait « aider les IEP à accompagner les victimes pour qu’elles aillent porter plainte ». Autant avouer directement qu’il ne faut pas compter sur elle pour que cela change.

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