Un poison pour les consciences18/11/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/11/2729.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un poison pour les consciences

Les mensonges répétés des gouvernements dans la crise actuelle du Covid-19 comme dans de multiples domaines, leurs décisions politiques systématiquement dictées par les intérêts des grands groupes capitalistes, alimentent les idées complotistes.

Ces théories, reflet des peurs engendrées par les crises multiples du capitalisme, sont un poison pour la conscience des opprimés.

La domination de la bourgeoisie sur toute la société est évidemment bien réelle, mais elle n’est pas une sorte de complot ourdi par un petit groupe occulte de milliardaires. Il n’y a là aucun secret. Les capitalistes les plus puissants sont connus. Si beaucoup préfèrent vivre discrètement, ils ne se cachent pas spécialement. Quelques-uns choisissent même de se mettre en scène. Certains sont les héritiers de familles bourgeoises anciennes, comme David Rockefeller cité dans Hold-up. D’autres, Jeff Bezos, Bill Gates, Bernard Arnault, Warren Buffet, etc., se sont enrichis plus récemment dans le numérique, le luxe ou la finance.

La domination des capitalistes est sociale : ils tiennent leur pouvoir de leur propriété sur les principaux moyens de production, qui leur permet de s’approprier les richesses créées par des centaines de millions de travailleurs dans le monde. Parce qu’ils possèdent les capitaux, ils décident des secteurs économiques dans lesquels investir, des pays ou des régions dans lesquels ouvrir ou fermer des usines, avec comme seule ligne de conduite : « le profit maximum » et « après moi le déluge » ! Aucun secteur, pas plus celui de la santé et de la pharmacie que celui de l’agroalimentaire, n’échappe à leur emprise. C’est cette appropriation systématique, légale, de tout l’appareil économique indispensable à la satisfaction des besoins de l’humanité qui fait de la classe capitaliste une menace pour l’avenir.

La bourgeoisie n’a pas besoin de comploter pour régner. Ses capitaux lui permettent de se payer des journaux, des chaînes de télévision et les journalistes vedettes qui les animent. Elle n’a pas eu besoin de faire un hold-up sur les gouvernements ou les institutions. Les appareils d’État ont été bâtis pour servir ses intérêts. Ils sont dirigés par des hommes et des femmes qui appartiennent à son monde, ont été formés dans ses grandes écoles, font des allers-retours permanents entre le privé et le public. Ces dirigeants politiques défendent « quoi qu’il en coûte » les intérêts de la bourgeoisie au détriment de ceux des classes populaires. Cela passe par les coupes claires dans les budgets des hôpitaux publics ou le préachat des vaccins auprès des grands laboratoires. Partout dans le monde, ils mentent en présentant les intérêts patronaux comme ceux de la collectivité. Sans avoir eu besoin de la fabriquer avec un machiavélisme délirant, ils utilisent la pandémie actuelle, comme toutes les crises, pour favoriser un peu plus la fraction la plus puissante de la bourgeoisie.

Se borner à dénoncer les « gros », les « élites » sans jamais analyser et dénoncer le système capitaliste et l’exploitation est un thème classique des démagogues d’extrême droite. Parler de complot, invoquer une action secrète du forum économique de Davos, du FMI, de l’OMS ou de toute autre institution internationale, revient à masquer les mécanismes réels du système, à élever devant les yeux des travailleurs un rideau de fumée pour leur cacher leur véritable ennemi. Ainsi, aucune perspective, aucun programme d’action n’est offert aux exploités pour changer leur sort par eux-mêmes.

Au fond, les complotistes prêchent le fatalisme et la résignation. Ils alimentent le fonds de commerce des démagogues, en particulier d’extrême droite, à la recherche de boucs émissaires pour pouvoir se présenter eux-mêmes comme des sauveurs du peuple. Les travailleurs conscients ne doivent pas avaler ce poison.

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