Space X : à l’ombre de la Nasa18/11/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/11/2729.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Space X : à l’ombre de la Nasa

Dimanche 15 novembre, une fusée Falcon 9 de la société Space X envoyait quatre astronautes vers la station spatiale internationale, l’ISS. Chacun dans son style, Biden et Trump ont salué ce « succès américain » après neuf années où les seuls taxis de l’espace étaient les fusées russes Soyouz.

Depuis l’arrêt définitif en 2011 de l’utilisation des navettes spatiales, suite à un accident tragique, la Nasa a passé un accord de partenariat public-privé avec Elon Musk, le patron de Space X. Profitant des installations de la Nasa, organisme public, des compétences acquises par ses ingénieurs et techniciens ainsi que de contrats garantis, payés au prix fort, pour ravitailler l’ISS, Elon Musk a pu développer à l’ombre de l’État sa nouvelle fusée réutilisable.

Dans les années 1950-1960, devant l’avance prise par l’URSS dans la conquête spatiale, le gouvernement des États-Unis avait placé les entreprises privées de l’aérospatiale, incapables de mettre en commun leurs savoir-faire et de planifier un programme aussi complexe et coûteux que la conquête de la Lune, sous la tutelle de la Nasa. Comme dans toute l’histoire du capitalisme, il a fallu l’intervention politique et financière de l’État pour réaliser, à la place des entrepreneurs privés qui justifient pourtant leurs profits gigantesques par les risques encourus, les investissements coûteux indispensables dont les retombées financières étaient aussi incertaines que lointaines. En même temps, la Nasa offrait un marché sûr et lucratif à une myriade de fournisseurs.

Aujourd’hui que les déplacements dans le proche espace sont maîtrisés, la Nasa redonne la main à l’industrie privée. Elle sous-traite ses missions à diverses entreprises comme Space X ou Boeing, qui construit la capsule Starliner. Jeff Bezos, le patron d’Amazon, est sur les rangs avec Blue origin. Chacune de ces sociétés se prépare à organiser des vols touristiques pour riches fortunés en mal de sensations, ou à mettre en orbite puis à exploiter des milliers de satellites de communication commerciaux. Ces satellites lancés sans planification, en concurrence les uns avec les autres, feront double ou triple emploi. Après avoir ravagé le sol et les océans, le gâchis capitaliste est en bonne voie pour polluer l’espace.

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