Tziganes : les crimes de l’État16/09/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/09/2720.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Tziganes : les crimes de l’État

En l’absence de réponse de la part du gouvernement français depuis près d’un an, deux associations se tournent vers les tribunaux pour que les familles de plus de 6 500 Tziganes internés entre 1940 et 1946 puissent accéder à une commission d’indemnisation.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, environ 500 000 Tziganes résidant en Allemagne et dans nombre de pays occupés par son armée furent exterminés. En France, si seule une minorité périt à Auschwitz, beaucoup furent internés dans une trentaine de camps de concentration, sous la surveillance de la police française. Cet internement fut favorisé par le décret pris le 6 avril 1940 par la IIIe République à l’agonie, qui demandait aux préfets d’assigner tous les nomades à résidence dans certaines communes. À l’automne de la même année, il ne restait plus aux autorités d’occupation qu’à demander au régime de Pétain de les interner dans des camps. Cette ignominie allait se prolonger bien après la chute d’Hitler et de Pétain, puisque certaines familles ne sortirent de ces camps qu’à l’automne 1946 !

Par la suite, l’État français eut du mal à reconnaître sa responsabilité et celle de sa police. Pour la rafle du Vél’ d’Hiv’ et la déportation des Juifs qui s’ensuivit dans les camps d’extermination, il fallut attendre un discours de Chirac en 1995. Les Tziganes durent patienter vingt et un ans supplémentaires avant que Hollande se rende le 29 octobre 2016 sur le site d’un des camps d’internement, à Montreuil-Bellay dans le Maine-et-Loire. Entre-temps, une commission d’indemnisation avait été mise en place, mais sa compétence reste encore aujourd’hui limitée aux familles des victimes juives.

Ce serait la moindre des choses que les familles des Tziganes internés aient droit à une indemnisation, même si elle ne pourra jamais compenser tout ce qu’ils ont subi à l’époque de la part de l’État français et de sa police, un drame qui, comme celui des Juifs, s’enracine dans la barbarie capitaliste.

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