Leur société

Lycée Paul-Éluard – Saint-Denis : le grand n’importe quoi de la rentrée

Jeudi 10 et vendredi 11 septembre, une trentaine d’enseignants du lycée Paul-Éluard de Saint-Denis ont exercé leur droit de retrait, tant la situation sanitaire de l’établissement leur paraissait alarmante.

En effet, à la rentrée, tout manquait dans ce lycée qui compte 1 900 élèves et plus de 300 adultes : l’État n’avait pas fourni les masques aux enseignants, alors que l’employeur est supposé le faire, il n’y avait pas de gel hydro-alcoolique dans les salles et les quelques malheureux distributeurs à l’entrée des bâtiments étaient vidés en une heure. Quant aux toilettes vétustes, elles ne disposaient pas de savon. Les sens de circulation dans les couloirs étaient aberrants, et enfin les deux infirmières étaient absentes et non remplacées. Les proviseurs ont demandé aux enseignants de patienter, le matériel devant arriver.

Mais, dès le lundi suivant, trois élèves dans deux classes différentes étaient malades du Covid. Dans une troisième classe, une quatrième élève qui présentait des symptômes, devait se faire tester. Face à l’inquiétude bien justifiée des enseignants et du personnel de vie scolaire, le proviseur, transmettant les consignes du rectorat, faisait savoir que les cours se dérouleraient normalement dans les classes concernées : les élèves qui avaient côtoyé les malades n’étaient pas considérés comme des cas-contacts, puisqu’ils portaient le masque !

La réalité est tout autre : nombre d’élèves arrivent à la grille sans même porter de masque, ils le retirent dans les couloirs, sont dispensés de les mettre en éducation physique et sportive, l’enlèvent comme il se doit à la cantine. L’affirmation du rectorat, qui s’abrite derrière l’Agence régionale de santé, est pure hypocrisie. Cela a d’autant plus révolté les enseignants que le Premier ministre Castex, bien masqué, ayant passé deux heures avec le directeur du Tour de France, dans une voiture vitres ouvertes, se mettait, lui, en septaine et se faisait tester deux fois !

Dès jeudi 10 septembre, enseignants et personnel de vie scolaire ont donc décidé d’arrêter de travailler et ont contacté la presse : le soir même, les masques et le gel hydro-alcoolique étaient distribués aux enseignants. Mais ces derniers exigeaient aussi que les classes des élèves malades soient testées et mises en septaine. Le mouvement s’est donc poursuivi le lendemain, pour permettre à tous de se rendre au rectorat. Sans surprise, la délégation n’a pas été reçue, le rectorat prétendant que les différentes demandes ne le concernaient pas. C’est se moquer du monde.

Le soir même, une nouvelle élève malade dans une autre classe étant testée positive au Covid, la direction faisait cette fois le choix de renvoyer les élèves de la classe chez eux pour se faire tester. C’est le moyen d’éviter que les élèves ne se contaminent entre eux et diffusent le virus dans leur famille, provoquant peut-être de nouveaux morts.

Alors que le rectorat montre son mépris en faisant la sourde oreille, la mobilisation a permis d’imposer la mise en place d’un début de protocole sanitaire.

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