Le Mans : grève dans les laboratoires d’analyse16/09/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/09/P13_Groupe_dinfirmieres_rassemblees_lors_de_la_journee_greve_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C37%2C400%2C262_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Le Mans : grève dans les laboratoires d’analyse

Depuis de nombreux mois déjà, la colère montait parmi les salariées de Laborizon Maine-Anjou, ce laboratoire privé d’analyses médicales qui prend en charge tous les tests Covid du département de la Sarthe.

Illustration - grève dans les laboratoires d’analyse

Le personnel est à bout car, aux difficultés habituelles, se sont ajoutés les milliers de prélèvements à assurer, dans un département où la circulation du virus est active. Des plannings sont modifiés au dernier moment, des journées à rallonge de 7 h 30 à 19 heures sont imposées, avec des trous de quatre heures pour assurer les tests en début et en fin de journée, de même que des semaines de six jours. Le manque de personnel est amplifié, après le départ des renforts étudiants de l’été qui ont repris leurs études. Enfin, bien sûr, les salaires sont insuffisants (1 350 euros en moyenne pour une infirmière). Seule une prime de 250 euros leur a été versée en août.

En première ligne se trouvent les infirmières chargées des prélèvements en laboratoire, dans les centres de dépistage et parfois même au domicile des personnes, sans compter les campagnes spécifiques à la demande de l’Agence régionale de santé (ARS) ou d’entreprises, pour les 24 heures Moto par exemple. Toutes ces raisons les ont poussées à réagir collectivement et à entraîner une partie de leurs collègues. « Avec les changements de planning et d’emploi du temps incessants, il n’y a plus de vie privée, sans parler des frais supplémentaires de garde d’enfants pour s’adapter aux horaires à rallonge », disaient-elles en menaçant de se mettre en grève le jour de la visite du grand chef de Biogroup, le laboratoire qui vient de racheter Laborizon.

Devant cette pression, le lendemain, la direction avait accepté de rencontrer les représentants du personnel au siège de Laborizon au Pôle santé sud du Mans. Mais elle a dit non en bloc à toute augmentation de salaire et, pour justifier son refus, a mis en avant un prétendu manque de visibilité. Cela n’a trompé personne, puisqu’elle avait promis la veille une prime d’intéressement en hausse de 10 %, prévoyant donc qu’il y aurait de l’activité. D’autant plus que Laborizon est dans une position de monopole sur les tests Covid dans le département, ce qui lui permet d’augmenter ses profits et, le Covid n’étant pas près de disparaître, de les voir encore augmenter à l’avenir.

Après que la direction a dit non en bloc à la demande de 200 euros d’augmentation de salaire pour tous, les infirmières se sont donc retrouvées en grève lundi 7 septembre dès 7 h 15. Deux laboratoires périphériques de l’agglomération du Mans ont même dû fermer. Environ 70 infirmières, techniciennes et administratifs, sur environ 200 dans l’agglomération, avec leurs slogans, étaient heureux de se retrouver ainsi pour réagir.

Au bout du compte, la direction n’a accordé que quelques petites primes, bien loin des demandes d’augmentation salariale des grévistes ou du 13e mois proposé par les syndicats, et fait quelques promesses pour améliorer les plannings et les conditions de travail. Mais cette grève a été l’occasion de se retrouver ensemble, après des années sans réaction collective, et il faudra certainement recommencer. Elle permet aussi d’étaler au grand jour les conditions dans lesquelles les travailleurs des labos d’analyse doivent réaliser les tests.

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