Débat Martinez – Roux de Bézieux : les intérêts des travailleurs à la trappe16/09/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/09/2720.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Débat Martinez – Roux de Bézieux : les intérêts des travailleurs à la trappe

Alors que la fête de lHumanité s’est tenue de façon restreinte en raison du Covid, le PCF a choisi, comme à son habitude, d’inviter plusieurs patrons et ministres, offrant une tribune supplémentaire à ceux qui ont déjà les médias à leur service, quand ils ne les possèdent pas directement.

Cette fois, c’est carrément Roux de Bézieux, le patron du Medef, qui a été invité à un débat avec Philippe Martinez, le secrétaire de la CGT.

Présenté par l’Humanité comme « le choc de la fête », ce débat n’avait rien d’un combat. Le représentant des capitalistes assumait parfaitement les intérêts de sa classe, son parasitisme et les coups contre le monde du travail. Mais les intérêts présents et futurs des travailleurs, eux, n’avaient pas de défenseur.

Roux de Bézieux n’a affiché aucun complexe à bénéficier de l’argent public. Ainsi, à propos du plan de 100 milliards et de la prise en charge publique du salaire en cas de chômage partiel, il a déclaré : « C’est l’État qui a stoppé l’activité économique. Il est donc logique qu’il vienne au secours des entreprises. »

Roux de Bézieux a assumé avec le même cynisme l’irresponsabilité patronale en matière d’environnement : « Dans 99 % des cas, si produire en polluant moins était moins cher, on le ferait depuis longtemps. » Il a aussi raillé les timides demandes de Martinez pour des « places pour les salariés dans les prises de décision », affirmant : « Je reste capitaliste. Celui qui met l’argent, in fine, doit décider. »

En affirmant sans complexe à la fois son parasitisme et sa mainmise absolue sur les décisions économiques, le porte-parole des patrons était dans son rôle. Mais, loin de mettre en cause la dictature capitaliste, le dirigeant syndical a au contraire cherché le consensus sur un terrain nationaliste. Il a réclamé que « 40 % des investissements publics soient nationaux » ou à l’échelle européenne, au nom de « règles sociales » qui écarteraient les entreprises chinoises. Le patron n’a pu qu’approuver le fait qu’un syndicaliste se propose ainsi de débarrasser le patronat français de certains de ses concurrents.

Quant à l’instauration d’un smic européen, Roux de Bézieux a indiqué hypocritement : « Le problème, c’est d’aller convaincre le patronat polonais. » À quoi Martinez a répondu : « C’est à vous de le faire. » Comme si le Medef pouvait être un allié pour la défense des intérêts des ouvriers polonais ou français ! Comme si les grands groupes français n’exploitaient pas férocement les travailleurs des cinq continents depuis des siècles en jouant sur toutes les différences. Avec l’innocence de l’enfant qui croit au père Noël, Martinez souhaite « recréer la solidarité », non entre travailleurs, mais « entre employeurs » et souhaite que « les entreprises qui ont beaucoup de moyens puissent aider les petites, par exemple à mieux payer leurs salariés ». Une hyène a plus de chances de devenir végétarienne.

Il n’est pas étonnant que Roux de Bézieux se soit félicité d’un tel débat, où un syndicaliste a pu faire croire que l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre du patronat lui-même.

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