ADP : la contestation monte16/09/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/09/2720.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ADP : la contestation monte

Depuis la rentrée de septembre, la direction d’ADP, société gestionnaire d’aéroports comme ceux de Roissy et d’Orly, a dévoilé ses cartes en détaillant les attaques qu’elle prévoit. Mais de plus en plus de salariés affirment qu’elles sont inacceptables.

Alors que déjà des milliers de travailleurs d’entreprises sous-traitantes ont perdu leur travail à l’aéroport, le plan de la direction comporte 1 400 départs dits «volontaires» dont 700 seulement seraient remplacés. L’accord de performance collective (APC) comprend aussi la suppression de multiples primes, comme les indemnités kilométriques domicile-travail, la moitié du quatorzième mois, la moitié d’une prime sur le nombre d’enfants à charge. La majoration des heures de nuit et de week-end ainsi que la participation patronale à la mutuelle seraient réduites. Mis bout à bout, pour certains, cela représente jusqu’à 800 euros par mois de revenus en moins.

Depuis sa création en 1945, le groupe ADP a toujours fait des bénéfices. Le nombre de passagers doublait tous les quinze ans mais, en parallèle, le nombre de salariés a fondu, passant de 8 000 à 6 300 en vingt ans. Les salaires, eux, ont stagné, au point que certains se retrouvent en dessous du smic. La direction a multiplié les primes pour camoufler cela.

Alors, pour la première année depuis soixante-quinze ans qu’ADP gagne un peu moins d’argent, les salariés trouvent inacceptable de baisser aussi drastiquement leurs rémunérations. Pour l’instant, la majorité continuent à penser qu’il est nécessaire de faire des sacrifices, mais uniquement limités, le temps de la crise du secteur aérien. À côté d’eux, d’autres commencent à affirmer qu’aucune baisse n’est acceptable, quelles que soient les justifications de la direction.

L’inquiétude fait peu à peu place au mécontentement. Depuis le début de l’été, les travailleurs d’ADP se sont réunis à plusieurs reprises, et à chaque fois plus nombreux. Vendredi 11 septembre, l’heure d’information syndicale a regroupé 300 salariés à Roissy et autant à Orly. Pour répondre à la montée de la contestation, la CGT a appelé à la grève et à manifester dans l’aéroport de Roissy jeudi 17, en affrétant des bus depuis Orly.

De plus en plus de travailleurs veulent que cette journée de grève soit une réussite et certains commencent à prendre des initiatives. Lundi 14 septembre, une cinquantaine de salariés se sont retrouvés à Paris, sous les fenêtres de la salle de négociation. Des autocollants et des affiches disant « Touche pas à mon salaire » ou « Les salariés d’ADP disent non à l’APC » commencent à fleurir à l’aéroport.

Ce jour-là, pour la première fois la direction a envisagé des petits reculs. Elle ne baisserait plus le taux des heures majorées et réduirait de 50 % au lieu de 75 % les indemnités kilométriques, mais uniquement pour les salariés en exploitation. Pour les travailleurs en horaire administratif et pour les nouveaux embauchés, en revanche, le projet initial s’appliquerait.

Ces tentatives de division entre catégories de travailleurs n’ont pas eu d’effet. Comme l’exprimait l’un d’eux, « on se bat pour tout le monde », « ce qu’on a, on l’a obtenu des anciens et on veut le transmettre aux générations futures ». Cette manœuvre de la direction est ressentie comme un encouragement à continuer.

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