Respirateurs : un consortium de menteurs28/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2700.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Respirateurs : un consortium de menteurs

Le 31 mars, Macron annonçait en grande pompe qu’un consortium de quatre entreprises, Air Liquide, Schneider Electric, Valeo et PSA, se lançait dans la production rapide, d’ici mi-mai, de 10 000 respirateurs médicaux, « des respirateurs lourds comme des respirateurs plus légers. Les respirateurs lourds qui sont particulièrement attendus feront l’objet des premières livraisons […] environ 250 dans les huit prochains jours. Puis ce consortium montera en volume et en production pour pouvoir fournir 10 000 respirateurs français ».

Finalement, le 23 avril, une enquête de Radio France révélait que seuls 1 600 respirateurs lourds, ceux dont on a besoin pour la réanimation des malades du Covid-19, avaient été produits depuis le 6 avril. Les 8 500 autres respirateurs étaient destinés au « transport simple » des patients. Il s’agit même d’un modèle ancien et moyennement utilisé. Un médecin réanimateur au CHU de Nantes précise : « Au mieux, on peut s’en servir pour transporter un patient une demi-heure pour un scanner, mais c’est le maximum qu’on puisse demander à ces appareils. »

Pourtant, l’annonce de Macron et les informations transmises par les différentes entreprises de ce consortium laissaient entendre que cette fabrication répondrait à la pénurie de respirateurs pour les lits de réanimation des malades du Covid-19, dans les hôpitaux.

Ces quatre trusts industriels ont même insisté sur le fait qu’ils allaient produire à prix coûtant !

En réalité, la décision a été prise par le gouvernement et le consortium, et ne relève pas des besoins réels du monde médical face à l’épidémie. Le choix de fabriquer ces respirateurs légers et pas les autres, outre la complexité des installations nécessaires, a certainement été motivé par les différences de coûts de production : 3 000 euros dans un cas, plus de 15 000 dans l’autre. Les industriels ont décidé en fonction de ce qui leur coûtait le moins cher et leur rapportait le plus, en termes de publicité et d’effet d’annonce. Se présenter en généreux producteurs de respirateurs leur donnait un moyen de pression pour imposer la réouverture de leurs usines, au moment de leur choix. Et le gouvernement s’en est fait le complice, un choix qui s’avérera peut-être criminel si dans quelques semaines, face à la deuxième vague, les respirateurs non produits font défaut.

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