Renault, Air France KLM : l’État au secours des actionnaires28/04/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/04/P5_Pas_de_confinement_pour_benefices_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C14%2C800%2C464_crop_detail.jpg

La société en crise

Renault, Air France KLM : l’État au secours des actionnaires

Vendredi 24 avril, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé un plan d’aides à hauteur de 5 milliards d’euros pour Renault et de 7 milliards d’euros pour Air France KLM, auxquels s’ajoutent 4 milliards d’euros promis à la compagnie aérienne par le gouvernement hollandais.

Illustration - l’État au secours des actionnaires

L’État arrose ces entreprises sous prétexte de « sauver les 350 000 emplois qui vont avec », comme l’a déclaré Le Maire à propos du plan d’aides à Air France, sans oublier le couplet patriotique d’usage, « pour sauver notre compagnie nationale ». Le ministre a servi le même discours à propos de Renault : « C’est notre industrie automobile, c’est un fleuron qui appartient à notre culture […] C’est un million d’emplois sur tout notre territoire qui sont liés à la filière automobile. »

Ces milliards pour des groupes industriels privés sont distribués sans aucune contrepartie exigée et sans aucun contrôle. Pour sauver l’emploi ? Le même conte avait été servi aux travailleurs du groupe Renault lors de la crise financière de 2008. Sous la présidence de Sarkozy, le gouvernement avait injecté 6 milliards d’euros partagés entre Renault et PSA, mais dans les années qui avaient suivi, le secteur de l’automobile avait supprimé des dizaines de milliers d’emplois. En février dernier, avant le choc économique ouvert par l’épidémie de Covid-19, la direction de Renault a brandi la menace d’une nouvelle saignée dans les emplois et même de la fermeture d’un site, sous prétexte de la baisse des résultats du groupe en 2019. Les milliards promis par Le Maire viennent à point nommé pour Renault et ses actionnaires mais ne seront d’aucun secours pour les salariés, embauchés ou intérimaires.

« Prends l’oseille et tire-toi » est la devise des « fleurons de l’industrie nationale » arrosés d’argent public. Le patron d’Air France, Ben Smith, ne prend même pas la peine de mentir sur la sauvegarde des emplois et des salaires, préparant des attaques contre le personnel de la compagnie au moment où Le Maire parle de sauver la patrie.

Comme à chaque période de crise économique, l’État vient au secours des actionnaires avec l’argent public au nom de l’intérêt général de façon encore plus assumée que d’habitude ; cela n’a rien d’original et n’a jamais protégé aucun travailleur du licenciement ou des baisses de salaires. Bien sûr, ces aides déboursées sans compter devront être prises en charge par la collectivité, selon la règle : les profits sont privés et les pertes publiques.

Pour garantir l’emploi, les salaires, pour relancer l’activité économique, ce sont les actionnaires qui devraient être sacrifiés, ceux de Renault entre autres, qui ont engrangé 17 milliards d’euros depuis 2013.

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