Medef : profiter sans entraves28/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2700.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Medef : profiter sans entraves

Le 3 avril le Medef a écrit à la ministre de la Transition écologique pour demander un moratoire sur toutes les nouvelles normes pouvant s’appliquer aux entreprises.

L’organisation patronale voudrait que l’État suspende les nouvelles réglementations pollueur-payeur, les normes de pollution des moteurs thermiques, la limitation des emballages plastiques, l’interdiction de détruire les invendus dans les grandes surfaces, etc. Les entreprises, dit le Medef, ne pourraient pas supporter ces contraintes dans le cadre de la crise induite par l’épidémie.

Si on comprend bien, les mêmes firmes qui basent leur publicité sur la mode écologique actuelle, la défense de la nature, les circuits courts, affirment ne pas pouvoir fonctionner sans polluer. Le Medef prétend bien sûr agir par souci de faire repartir l’économie. C’est également ce qu’il dit lorsqu’il demande, auprès d’un autre ministère, le droit de voler des congés, d’allonger la semaine de travail, de laisser les patrons juges des mesures sanitaires à l’intérieur de leurs entreprises. Et c’est toujours ce qu’il prétend lorsqu’il explique, à un autre ministre encore, combien il serait nécessaire de baisser les impôts sur les entreprises et les cotisations sociales patronales.

Qu’il vente ou qu’il neige, lors d’une épidémie ou pour fêter l’an nouveau, les représentants du patronat militent en permanence pour ôter le plus petit obstacle à la liberté d’exploiter les travailleurs et de faire le profit maximum, quoiqu’il en coûte à la société. L’État accède alors à leurs demandes, même quand il dit ne pas le faire, comme cela sera probablement le cas pour ce moratoire sur les activités polluantes. La lettre du Medef n’était d’ailleurs pas destinée à la publication en ces temps où toute la classe politique et médiatique voudrait se repeindre en vert.

La pire pollution n’est pas celle des moteurs thermiques ou des montagnes de déchets plastiques contre lesquels les États mettent des dizaines d’années à avancer des mesures ridiculement inopérantes. La pollution la plus nocive est cette propagande incessante présentant l’intérêt du capital comme l’intérêt général.

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