Dans le monde

Arabie saoudite : même sans le fouet, une dictature réactionnaire

La monarchie saoudienne a renoncé à la flagellation dans son système pénal, ont annoncé des médias locaux vendredi 24 avril après un communiqué de la très officielle Commission des droits humains du royaume.

Depuis plusieurs mois, la peine du fouet ne serait plus infligée après que la Cour suprême, dont les membres sont nommés par le roi, a ordonné son remplacement par des amendes ou des peines de prison. La flagellation pouvait être auparavant infligée en cas de meurtre, d’atteinte à l’ordre public ou de relations extraconjugales. Ainsi, en 2014, le blogueur saoudien Raif Badawi avait été condamné à dix ans de prison et à recevoir 1 000 coups de fouet pour insulte à l’Islam.

Mais même sans le fouet, le régime saoudien demeure une dictature particulièrement féroce. En 2019, les exécutions par décapitation au sabre n’ont jamais été aussi nombreuses, 184 selon Amnesty International. Depuis 2017, le nombre de journalistes et de blogueurs derrière les barreaux a plus que triplé. La plupart d’entre eux sont en détention arbitraire et, selon Reporters sans frontières, la torture est presque systématique pour les prisonniers d’opinion. Des ONG ont dénoncé la mort en détention des suites d’un accident vasculaire cérébral d’un militant des droits de l’homme, Abdallah el-Hamid, condamné à onze ans de prison pour avoir rompu « l’allégeance au roi », selon Amnesty International.

En remisant officiellement le fouet au placard, la monarchie saoudienne voudrait se donner une image plus moderne ou, plus simplement, donner à ses alliés occidentaux un prétexte pour dire qu’elle évolue dans le bon sens. Car les grandes puissances veulent continuer à faire des affaires avec ce régime dictatorial, parmi les plus réactionnaires de la planète, ne serait-ce que sur la question des droits des femmes encore quasi inexistants. Elles veulent par exemple continuer à lui vendre des armes, lui permettant de mener une guerre longue et dévastatrice au Yemen. Pour les États-Unis, l’État saoudien constitue aussi un pilier de l’ordre impérialiste au Moyen-Orient et ils lui apportent un soutien inconditionnel. S’appuyer sur une dictature, aussi sanglante soit-elle, fait partie des méthodes habituelles des dirigeants d’un monde impérialiste qui, eux aussi, veulent maintenir la dictature de leur système injuste.

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