Dans le monde

Golfe persique : Trump l’incendiaire

Le 13 juin, un pétrolier japonais et un norvégien ont été pris pour cible en mer d’Oman à la sortie du golfe Arabo-Persique, un mois après le sabotage de quatre autres navires au même endroit. Les États-Unis, par la bouche de Trump, ont aussitôt accusé l’Iran d’être responsable de ces attaques.

Un cinquième du pétrole transite par cette voie maritime, entre l’Iran d’un côté, les Émirats arabes unis et Oman de l’autre. Cette région est hautement stratégique et toute crise a des répercussions dans tout le Moyen-Orient, et au-delà.

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a déclaré pouvoir prouver par A plus B l’implication iranienne, s’appuyant sur les armes utilisées, et le niveau de sophistication de ces sabotages. De l’autre côté, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a nié toute responsabilité de son pays, jugeant plus que suspectes ces attaques, survenues le jour même de la visite à Téhéran du Premier ministre japonais Shinzo Abe, qui visait justement à normaliser les relations avec l’Iran.

Qui a commandité les attaques du 13 juin ? Deux choses sont certaines : on ne voit pas bien quel intérêt aurait l’Iran à faire ainsi monter la tension dans le Golfe, tandis que Trump se sert de ces attaques pour faire monter d’un cran la pression contre l’Iran.

Après avoir rompu l’accord sur le nucléaire iranien il y a un an, en mai 2018, rétablissant des sanctions économiques contre l’Iran qui entraînent d’énormes privations pour sa population, Trump a décidé début mai de les aggraver encore, en interdisant purement et simplement à ses partenaires tout achat de pétrole iranien. Parallèlement, il envoyait des navires de guerre, brandissant la menace d’un déploiement plus important, tout en annonçant la possibilité de rouvrir des négociations, annonce faite également début juin, de son côté, par Mike Pompeo.

Mener une guerre économique aux pays qu’il veut soumettre, afin d’écraser toute velléité d’indépendance vis-à-vis des États-Unis, c’est la méthode que Trump utilise régulièrement. Mais c’est aussi la politique de l’impérialisme américain afin de conforter sa domination. Dans cette région du monde, cela s’est traduit notamment par deux guerres contre l’Irak, une première fois en 1990 et la deuxième treize ans plus tard. Ces interventions militaires ont entraîné la déstabilisation de ce pays, mais aussi celle de toute la région.

L’approfondissement de la crise d’une part, l’attitude particulièrement provocante de Trump de l’autre, multiplient les risques d’escalade.

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