Contrats courts : une précarité voulue par le patronat19/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/2655.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Contrats courts : une précarité voulue par le patronat

Macron a récemment multiplié les déclarations pour dénoncer la précarité, celle des femmes élevant seules leurs enfants ou des jeunes sans avenir, concluant qu’il fallait imposer un bonus-malus aux contrats courts. Le résultat est comme la démagogie présidentielle : du vent.

Le remplacement des CDI par l’intérim et surtout par les contrats à durée déterminée, trois fois plus nombreux que les emplois intérimaires et de plus en plus courts, a considérablement aggravé la situation des travailleurs. Cette évolution est en cours depuis des années, même si chaque gouvernement à son tour fait semblant de la découvrir et de vouloir la combattre. Elle a permis au patronat de préserver ou d’augmenter ses profits en imposant précarité, bas salaires et flexibilité aux salariés concernés et a accentué de fait la pression sur ceux qui bénéficiaient encore d’un emploi stable.

En 2018, l’Insee dénombrait 3,7 millions de travailleurs ne disposant que d’un emploi précaire. Neuf embauches sur dix étaient en CDD, dont un tiers en contrat de moins d’une journée.

Parmi eux on trouvait une forte proportion de CDD dit « d’usage », théoriquement réservés à certains secteurs où le volume de travail est perpétuellement fluctuant, comme l’hôtellerie-restauration, le spectacle, les services à la personne, et qui ne donnent même pas droit à une prime de fin de contrat. En 2015, ils concernaient 1,2 million de travailleurs.

Édouard Philippe a annoncé la couleur en préconisant des mesures pour « encourager les entreprises (…) à allonger la durée des CDD dans toute la mesure du possible ».

Le résultat a dépassé cette annonce si bienveillante envers les patrons. Les contrats courts en général devraient être soumis à un bonus-malus dans sept secteurs principaux, dont l’hébergement et restauration, l’agroalimentaire, l’eau et les déchets, la plasturgie ou encore le bois et papier. Le secteur du bâtiment et le secteur médico-social, très importants et très écoutés par le gouvernement, seraient épargnés. Quant aux CDDU c’est-à-dire les CDD d’usage, ils seraient taxés à 10 euros !

Cela n’a pas empêché les représentants du patronat, des grandes comme des petites et moyennes entreprises, de rechigner. Certains ont parlé d’éventuels dégâts collatéraux, évoquant l’embauche de travailleurs détachés, la prolifération du travail au noir, très dommageable pour les travailleurs !

Un représentant de l’hôtellerie a même fait remarquer que la taxe de 10 euros serait tout de même pénalisante, pour des contrats d’usage limités à trois heures. Bien sûr, concédait-il, quand on constate que les trois quarts de ces contrats à répétition concernent toujours les mêmes travailleurs dans la même entreprise, il serait peut-être possible de les embaucher vraiment. Mais il faudrait alors que les employeurs y soient incités.

Il est évident que les mesures insignifiantes décidées par le gouvernement n’arrêteront ni le développement de la précarité ni les réclamations du patronat, qui en veut toujours plus.

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