Dans le monde

Corée du Nord – USA : la menace n’est pas là où on veut nous le faire croire

Les menaces de Trump à l’encontre de la Corée du Nord sont encore montées d’un cran. Dans un discours à l’ONU, il a déclaré qu’il était prêt à la « destruction totale » de ce pays. Et la veille, des bombardiers américains avaient survolé les côtes nord-coréennes. Par ses déclarations et son attitude, Trump incarne parfaitement l’arrogance de la puissance impérialiste dont il est le représentant, sans chichi ni fioriture.

La diplomatie est d’habitude le monde du langage feutré. Avec Trump, ce langage est beaucoup plus brutal. Mais il s’agit en réalité toujours d’un bras de fer diplomatique entre les États-Unis, la Corée du Nord et, derrière elle, la Chine.

Le dictateur nord-coréen, Kim Jung-Un, que Trump avait qualifié de « monsieur missile » a répondu sur le même ton en traitant ce dernier de « gangster », de « voyou » et de « vieux sénile ». Mais derrière ces échanges d’amabilités des deux protagonistes, il y a des appareils d’État qui ont des motivations politiques plus fondamentales que des injures de cours de récréation.

Cela fait plus de quinze ans que les États-Unis ont décidé d’accentuer leur politique d’étouffement quasi complet de l’économie nord-coréenne. Et cela, alors que la Corée du Nord tentait comme elle le pouvait, de rompre l’isolement économique dramatique imposé par la puissance américaine depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. En visant la Corée du Nord, les États-Unis visaient et visent toujours la Chine qui est devenue une économie autrement plus importante et concurrente que celle de la petite Corée du Nord.

Aujourd’hui, l’État nord-américain voudrait contraindre le gouvernement chinois à cesser tout échange économique avec la Corée du Nord. Or, depuis le début de l’escalade militaro-verbale de ces derniers mois, pour l’instant, la Chine n’a toujours pas stoppé complètement, ni ses exportations d’hydrocarbures, ni ses importations de matières premières avec le régime de Pyongyang.

Le pouvoir nord-coréen cherche, lui, à faire reconnaître sa maîtrise de l’arme nucléaire pour négocier, en espérant pouvoir obtenir une ouverture économique en échange de l’arrêt de ses essais nucléaires. Il y a donc une part considérable de mise en scène dans ce qu’on nous présente parfois comme une menace imminente de guerre nucléaire.

Mais en même temps, tout cela est à juste titre inquiétant. Pas parce que Kim Jung-Un ou Trump pourraient pousser un hypothétique bouton nucléaire. En ce qui concerne la Corée du Nord, il n’est même pas avéré que celle-ci possède la technologie lui permettant de mettre une charge nucléaire au bout d’un missile. Mais parce que cette escalade est révélatrice des tensions internationales grandissantes et du regain d’agressivité de l’impérialisme américain.

Il y a plus de cent ans, la Première Guerre mondiale avait commencé par l’assassinat d’un archiduc dans les Balkans. Celui-ci n’était pas la première tête couronnée à être assassinée et les tensions dans cette région du monde ne dataient pas de la veille. Mais les rivalités entre grandes puissances étaient arrivées à un point tel que cette étincelle a suffi pour déclencher l’incendie. Aujourd’hui, ce ne sont pas les insultes américano-coréennes en elles-mêmes qui sont menaçantes, mais la situation générale du monde capitaliste et l’aggravation de la crise économique généralisée dans laquelle il s’enlise.

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