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Maroc : acharnement contre les manifestants du Rif
Depuis le 20 septembre, plus de trente militants du Hirak, le mouvement de contestation sociale dans le Rif, ont lancé une grève de la faim pour protester contre la décision de justice rejetant plusieurs demandes de libération conditionnelle et pour exiger la libération de tous les prisonniers du Hirak.
La seule réponse de la direction de la prison de Casablanca, où ils sont internés, a été de commencer par nier les faits, de disperser les grévistes de la faim dans toute la prison et d’interdire toute communication entre eux. Cela s’ajoute aux mauvais traitements que les militants du Hirak dénoncent depuis le début de leur emprisonnement : saccage des cellules, vols d’objets personnels, obligation de se dévêtir lors des fouilles corporelles.
Ils sont plus de 300 à croupir en prison. Seize mineurs sont aussi incarcérés dans des centres de rétention spécialisés, parmi lesquels un jeune de 14 ans arrêté après une manifestation interdite et détenu à 120 km de chez lui. Il se voit reprocher d’avoir « empêché la circulation de se dérouler normalement » avec des pierres. Ayant plus de 12 ans, il est considéré comme « partiellement responsable » par la justice marocaine et risque une lourde peine.
Après des procès faits à la va-vite et en partie truqués, les peines ont commencé à tomber pour les adultes allant d’un an à 20 ans de prison. Le journaliste Hamid El Mahdaoui responsable du site d’information Al Badil.info vient d’être condamné en appel à un an de prison ferme et 20 000 dirhams (1 800 euros) pour « incitation à commettre une infraction grave au moyen de discours et de cris » et participation à une manifestation non autorisée. Cette peine est beaucoup plus sévère que celle qui lui avait été infligée en première instance (trois mois ferme).
Pour ce qui concerne le leader Nasser Zefzafi, dont le procès devrait se tenir en octobre, le parquet a fait appel, remettant ainsi en cause le juge qui avait décidé de supprimer l’accusation particulièrement grave d’atteinte à la sûreté de l’État, pouvant lui valoir la peine capitale.
Depuis les grandes manifestations de l’été, quelques initiatives ont été prises dans la région du Rif pour tenter de calmer la population. Le centre d’oncologie, qui avait été inauguré par Mohamed VI en 2008 et qui n’avait jamais reçu le matériel adéquat depuis, est désormais pourvu d’un scanner 3D. Les travaux d’adduction d’eau ont repris. Mais dans le même temps, la répression continue. La ville d’Al Hoceima est toujours quadrillée par la police et l’armée. Les arrestations se poursuivent. Après avoir participé à une nouvelle manifestation, qui a regroupé plusieurs centaines de personnes dans la ville voisine d’Imzouren dimanche 24 septembre, Nawal Ben Aïssa, qui compte parmi les leaders du Hirak, a été arrêtée.
Les militants du Hirak continuent à se mobiliser malgré la répression. Nombreux sont ceux, dans tout le Maroc et au-delà, qui se sentent solidaires de leur combat. Car dans le Maroc d’aujourd’hui, demander un hôpital ou une route peut envoyer un manifestant en prison pour des années !