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Leur société
Martinique : le mouvement contre le renvoi des contrats aidés fait reculer le gouvernement
Édouard Philippe avait déclaré le 24 août que les contrats aidés outre-mer seraient maintenus en priorité. En Martinique, on n’a pas tardé à avoir confirmation de ce que vaut la parole d’un ministre : rien. En réalité, il a déjà été mis fin à des dizaines de contrats et la mesure concernerait en définitive plus de 3 000 salariés. Cela dans une île où le chômage des moins de 25 ans dépasse les 50 %.
Les enseignants ont été les premiers à réagir, jugeant que les établissements ne pourraient que très mal fonctionner, au détriment des élèves, sans les contrats aidés. Dès le 11 septembre, des manifestants ont défilé dans les rues de Fort-de-France avant d’être reçus par le préfet. Le 14 septembre et le lendemain, c’est au rectorat, dont l’accès a été complètement bloqué, qu’ils se sont retrouvés.
Sans réponse concrète, 450 personnes se sont réunies, enseignants, agents municipaux, mais aussi parents d’élèves, le samedi 16 à la Maison des syndicats, à l’appel des syndicats enseignants et des agents territoriaux. Il y avait aussi des représentants d’associations.
Suite à l’ouragan Maria, le mouvement a observé une pause mais il a abordé bien vivant sa troisième semaine. Il a provoqué la prise de position de l’association des maires, ceux-ci appelant à une opération villes mortes dans toute l’île le lundi 25. Ce jour-là, une manifestation forte de près de 3 000 personnes a parcouru les rues de Fort-de-France à l’appel des syndicats d’enseignants et des différentes confédérations syndicales. Dans cette manifestation, la plus grosse en Martinique depuis des années, on a vu défiler en plus des enseignants, des employés municipaux, des dizaines de lycéens avec ou sans leurs parents, etc. L’ambiance était populaire et combative, avec des slogans mettant clairement en cause la politique antiouvrière de Macron. Une délégation d’une trentaine de personnes, élus et représentants syndicaux, a été reçue en préfecture à l’issue de la manifestation. Elle y a repris, sans l’obtenir, la revendication d’un « moratoire », c’est-à-dire, dans l’immédiat, le maintien de la totalité des contrats aidés.
Malgré un premier recul du préfet avec l’annonce du maintien de certains emplois aidés, en particulier dans les établissements scolaires, le compte n’y était pas ! Une manifestation était donc appelée, dès le lendemain mardi 26 septembre, avec l’opération « Molokoy » (littéralement tortue) sur les routes en direction de Fort-de-France. Dans la soirée, le préfet a signé un protocole d’accord commençant par : « Les contrats aidés sont maintenus au niveau prescrit en 2016 ». Le mouvement s’est donc conclu positivement pour les travailleurs, même si la vigilance s’impose pour la suite.