n°2184 du 11/06/2010

L’éditorial

Le grand cirque du ballon rond

Du pain et du cirque ! L'adage, vieux de 2 000 ans, résumait la recette cynique des dignitaires de l'Empire romain pour que le bon peuple oublie sa misère et se tienne tranquille. Par ces temps de crise, il n'est pas sûr que le pain soit assuré à tous sur cette planète. Le cirque, en revanche, le sera à partir de l'ouverture de la Coupe du monde de football. Les arènes de naguère sont relayées par la télévision. Les quatre semaines de cette Coupe seront suivies par des centaines de millions, voire des milliards de téléspectateurs partout dans le monde. Tout le monde pourra, ne serait-ce que de la rue, derrière la vitrine d'un magasin de télévisions, assister aux matchs, se gaver de commentaires ou d'anecdotes sur les faits et gestes des footballeurs vedettes.

Sans parler des petits malins de la politique qui s'engouffreront dans tel ou tel épisode des jeux de Johannesburg. Ici, en France, le premier épisode en est l'échange de coups entre Rama Yade, secrétaire d'État aux Sports, et sa ministre de tutelle, Roselyne Bachelot, au sujet de l'hôtel de luxe où est logée l'équipe de France. La première estime « indécent » le prix des chambres (600 euros la nuit) en ces temps de crise et eu égard aux performances de cette équipe. La seconde dénonce, sur le ton du patriotisme outragé, le fait qu'un membre du gouvernement, responsable des sports de surcroît, puisse ainsi chercher des poux dans la tête d'une équipe qui n'a pas besoin de cela pour ne pas être au meilleur de sa forme.

n°2184

11/06/2010