Allemagne : Merkel « montre l'exemple »... Comment faire payer les classes populaires09/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2184.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Merkel « montre l'exemple »... Comment faire payer les classes populaires

Lundi 7 juin, la rencontre annoncée entre Sarkozy et Merkel a été reportée à la semaine suivante, la chancelière allemande ayant en effet préféré se consacrer à la présentation d'un plan d'austérité comportant plus de 80 milliards d'euros d'économies, jusqu'en 2014, qui seront principalement supportées par les classes populaires.

À l'exception des secteurs de la recherche, de l'éducation et du système des retraites, les mesures d'austérité annoncées devraient frapper tous les secteurs d'activité.

40 000 des 250 000 postes que compte actuellement l'armée allemande seraient sur la sellette, au moment où le service militaire va être ramené de neuf à six mois. Mais surtout 10 000 à 15 000 emplois devraient disparaître dans la fonction publique d'ici 2014. Et enfin l'État va tailler dans les dépenses sociales, qui représentent la moitié de son budget. Les allocations des chômeurs vont diminuer : on supprimerait notamment l'aide à la cotisation retraite pour les chômeurs de longue durée. Les allocations parentales, de création récente, qui permettent aux parents de s'occuper de leurs jeunes enfants en touchant une partie substantielle de leur dernier salaire, diminueraient, ainsi que les aides au logement. La loi sur les faillites va être révisée de telle façon que l'État créancier soit le premier servi. Différents projets de travaux publics vont être repoussés. Par exemple, la remise en état du château berlinois des Hohenzollern, qui régnaient autrefois sur l'Empire allemand, attendra 2014.

Pour remplir ses caisses, le gouvernement va également créer de nouvelles taxes. L'une concernera les combustibles nucléaires, dont devront s'acquitter les opérateurs des réacteurs. Une taxe dite « écologique » sera perçue sur les billets d'avion vendus en Allemagne. Les chemins de fer devront également rémunérer leur actionnaire public. Enfin, la chancelière espère toujours obtenir une taxe sur les transactions financières. On verra si ce ne sont pas des paroles en l'air.

Les économies ainsi faites devraient représenter 11,1 milliards d'euros en 2011, puis augmenter d'année en année (19,1 milliards en 2012, 24,7 milliards en 2013 et 26,6 milliards en 2014), soit un total de 81,5 milliards d'économies, censées ramener le déficit public et la dette dans les limites respectives de 3 % et 60 %, alors qu'actuellement ils sont de 5 % et 74 %.

Bien sûr, l'opposition du SPD et les syndicats ont protesté. Le syndicat Verdi estime, à juste titre, que le gouvernement « met sous pression uniquement les plus faibles » et le SPD lui reproche de ne pas vouloir mettre à contribution les « hauts revenus dans l'opération de consolidation ». Mais, quand ils étaient aux affaires, les sociaux-démocrates n'ont pas agi différemment.

Au moment où l'ensemble des gouvernements européens se lancent les uns après les autres dans des plans d'austérité, le gouvernement allemand ne veut pas être en reste, et veut se mettre en position d'exiger des mesures analogues de ses partenaires. Mais ce plan d'austérité va encore diminuer la consommation des classes populaires, déjà fortement mises à contribution par les attaques successives subies depuis 2003, et finalement encore aggraver la crise.

Les autres gouvernements européens, et même Obama, reprochent d'ailleurs plus ou moins ouvertement au gouvernement allemand de ne pas faciliter la reprise. Mais la seule chose qui la faciliterait vraiment serait de cesser d'alimenter à fonds perdus les profits des banquiers et des spéculateurs, comme le font tous les gouvernements sans exception, que ce soit aux États-Unis, en France, ou en Allemagne... en demandant ensuite à la population de payer.

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