L'assouplissement de la carte scolaire : Un écart qui se creuse entre les établissements09/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2184.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'assouplissement de la carte scolaire : Un écart qui se creuse entre les établissements

L'assouplissement de la carte scolaire, mis en place il y a trois ans, a creusé les inégalités entre les différents lycées et collèges, accentuant ainsi un phénomène de « ghettoïsation ». C'est ce qui ressort de deux rapports publiés dernièrement, l'un émanant de la Cour des comptes et l'autre du principal syndicat de chefs d'établissement. Le ministère de l'Éducation nationale, lui, n'a pas jugé utile de tirer le bilan de cette réforme.

Instaurée dans les années 1960, la carte scolaire répartissait les élèves dans les établissements en fonction de leur lieu d'habitation. Bien sûr, des parents avaient les moyens de tricher, ne serait-ce qu'en choisissant pour leurs enfants des options ou une langue vivante rares, que seuls les « bons » lycées proposaient. Mais cela ne touchait qu'une minorité. Avec l'assouplissement de la carte scolaire décidé par le gouvernement à la rentrée 2007, au nom de la « liberté », les parents peuvent maintenant inscrire leurs enfants dans l'établissement de leur choix, la seule limite étant le nombre de places disponibles. Il est évident qu'ils ne se sont pas précipités sur les établissements de banlieue classés ZEP, mais sur ceux qui pouvaient offrir les meilleures chances à leurs enfants de réussir leurs études.

L'enquête menée par le syndicat des proviseurs montre que le départ des meilleurs élèves déstabilise des collèges situés en zone d'éducation prioritaire, qui regroupent de plus en plus les élèves en difficulté ou perturbateurs et qui, de ce fait, voient fondre leurs effectifs : 10 % d'entre eux ont perdu jusqu'au quart de leurs élèves. Et ceux qui partent sont ceux qui sont « un peu plus favorisés que les autres, souvent les meilleurs élèves », relève l'enquête. Le mouvement s'étend en outre aux collèges dits « moyens », dans des villes où le problème ne se posait pas jusqu'alors. Ils sont 37 % à glisser dans la catégorie des collèges « difficiles ».

La Cour des comptes dénonce de son côté « l'accentuation des écarts de résultats entre les élèves de statuts favorisé ou défavorisé », qui va de pair avec la ghettoïsation des établissements scolaires.

Le gouvernement a assoupli la carte scolaire pour complaire aux parents, qui pensent garantir ainsi la réussite scolaire de leurs enfants. Mais cela n'est rien d'autre qu'une mesure en trompe-l'oeil, dont les effets néfastes se font sentir sur un nombre croissant d'établissements. Elever le niveau de tous les établissements scolaires, quelles que soient leur situation ou l'origine sociale des élèves, nécessiterait des crédits que le gouvernement ne veut pas débloquer. La démagogie, elle, ne coûte rien, tout en accélérant la dégradation de la situation.

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