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Dans le monde
Syrie et Turquie : inaction criminelle
Une récente enquête émanant du Conseil des droits de l’homme de l’ONU dénonce « l’échec total (…) de la Communauté internationale » pour venir au secours des victimes du tremblement de terre du 6 février dernier.
Ce séisme de magnitude 7.8, suivi neuf heures plus tard d’un autre de magnitude 7.6, a tué plus de 50 000 personnes en Turquie et en Syrie et fait 200 000 blessés.
Concernant la situation en Syrie, le président de cette commission, Paulo Pinheiro, a relevé « les nombreux actes héroïques de la part des Syriens pour venir en aide aux victimes » qui mettent encore davantage en relief « l’échec total du gouvernement et de la communauté internationale, y compris des Nations Unies, à diriger rapidement l’aide vitale urgente vers le nord-ouest de la Syrie ». Il fallut en effet attendre l’allègement des sanctions imposées à la Syrie par les dirigeants américains et européens, et l’autorisation de Bachar al-Assad d’ouvrir deux autres passages dans la zone frontalière avec la Turquie pour acheminer l’aide humanitaire. L’ONU aurait dû « agir sans attendre l’obtention des nouveaux points de passages frontaliers », dénonce la commission, ajoutant : « Une résolution du Conseil de sécurité n’est pas nécessaire lorsque vous avez des gens dans une situation désespérée. »
Plus de 13 700 bâtiments ont été détruits et 57 000 endommagés au point de devoir être démolis prochainement. Plus de 21 millions de personnes au total, dans les deux pays, ont vu leur vie basculer avec le séisme, d’après l’organisation Oxfam. Les hôpitaux, déjà habituellement débordés, en particulier en Syrie, du fait de la guerre, l’ont été encore davantage. Des millions de personnes sont toujours sans abri plus d’un mois après la catastrophe. « Nous sommes dans plusieurs régions – le territoire impacté par le séisme est grand comme trois fois la Belgique. […] Dans le nord-ouest de la Syrie notamment, nous sommes dans une région qui est encore en guerre. Où les infrastructures ont été détruites pendant une dizaine d’années, où la population est déjà terrorisée, où les services publics sont inexistants ou inopérants. Si un séisme d’une même ampleur survenait dans un pays en paix et prospère, cela se passerait différemment », expliquait le 6 mars dernier Sébastien Deschamp, un responsable de l’ONG Caritas.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est contenté, quelques jours après le séisme, de lancer un appel de fonds de 1,4 milliard de dollars pour financer une aide aux deux pays dévastés, au moment où des centaines de milliards sont engloutis dans les budgets militaires des pays occidentaux. Quand ils prétendent se soucier du sort des populations où que ce soit dans le monde, les dirigeants occidentaux ne font qu’étaler leur cynisme et leur hypocrisie.