Les États face à la crise du capitalisme15/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2850.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Les États face à la crise du capitalisme

Les faillites de la Silicon Valley Bank (SVB) et de deux autres banques américaines ont fait souffler un vent de panique sur les places boursières mondiales. En deux séances, entre vendredi 10 et lundi 13 mars, la baisse des cours a fait disparaître 465 milliards de dollars.

Les valeurs bancaires ont connu les plus fortes chutes. À Paris, BNP Paribas et Société Générale ont dévissé de plus de 10 %. En une semaine, elles ont effacé respectivement près de 10 milliards et 2,5 milliards d’euros de capitalisation.

Ces turbulences boursières reflètent la crainte de voir se renouveler une crise du secteur bancaire comparable à celle de 2008, survenue après la faillite de la banque Lehman Brothers. Brutalement, les banques avaient cessé toute activité de prêt, menaçant de provoquer une paralysie totale de l’économie. Les États étaient parvenus à éviter cette faillite généralisée en ouvrant à fond les vannes du crédit et en garantissant ainsi aux banques le secours indéfectible des finances publiques.

Tous les chefs d’État et ministres multiplient maintenant les déclarations rassurantes, assurant qu’il n’y a aucun danger à voir se reproduire une crise comparable à celle de 2008. « Calmez-vous, calmez-vous, et regardez la réalité ! s’est ainsi exclamé lundi 13 mars le ministre des Finances, Bruno Le Maire, le système bancaire français n’est pas exposé à la SVB. Il n’y a pas de liens entre les différentes situations aux États-Unis et en Europe. » Les dirigeants politiques n’ont pas d’autre choix que de multiplier ce type de déclarations pour tenter d’enrayer la panique. Ce faisant, ils montrent surtout combien ils sont conscients de la fragilité de leur système, véritable château de cartes qui ne repose que sur la confiance. Mais en réalité, ils sont bien incapables de faire la moindre prévision.

Depuis des années, les krachs financiers, les crises bancaires et monétaires se succèdent, manifestations d’une crise dans laquelle l’économie capitaliste s’enfonce toujours plus profondément. À chaque fois, les gouvernements ont répondu en inondant les capitalistes de liquidités, en faisant tourner la planche à billets, creusant ainsi les déficits publics. Si l’argent était gratuit pour les capitalistes, ce n’était pas le cas pour les travailleurs et les classes populaires. Car eux ont payé à chaque fois le prix fort, par l’appauvrissement, l’explosion du chômage, des politiques d’austérité et de régression sociale menées partout, même dans les pays les plus riches.

Loin de résoudre la crise, cette politique n’a fait que l’aggraver, en alimentant la spéculation, les bulles boursières, fragilisant toujours plus l’économie transformée en un vaste casino de la finance et minant cette confiance dans le système qu’un Le Maire voudrait à tout prix restaurer par ses déclarations. Pour freiner cette dangereuse inflation monétaire, la banque centrale américaine, la Fed, a décidé, en mars 2022, de relever les taux d’intérêt de ses prêts. Mais ce resserrement du crédit menace aujourd’hui de provoquer des faillites, comme celle de la SVB, et de plonger l’économie dans une récession.

La banque centrale américaine se retrouve ainsi tiraillée entre deux objectifs contradictoires. Quelle sera la politique monétaire américaine dans les mois à venir ? Même le président de la Fed est bien en peine de le dire aujourd’hui. Cela témoigne du désarroi des dirigeants du monde capitaliste confrontés aux contradictions de leur système et à l’impasse dans laquelle il se trouve plongé.

L’économie est totalement imprévisible car elle est dominée par une classe capitaliste irresponsable, pour laquelle la seule chose qui compte est le maintien et l’augmentation de ses profits immédiats, quoi qu’il en coûte à la société.

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