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Dans les entreprises
Novares – Libercourt : le patron a dû céder
Novares, située à Libercourt, dans le Pas-de-Calais, est une entreprise de sous-traitance automobile qui fournit en flux tendu des pièces plastiques pour Toyota. Les travailleurs ont fait grève pour des augmentations de salaire du lundi 6 mars au lundi 13 mars.
Deux réunions de négociations salariales ayant eu lieu courant février et début mars sans que la direction ne propose rien, les travailleurs ont décidé d’agir. Lundi 6 mars, les trois équipes se sont mises en grève et le nombre de grévistes, environ 150 sur les 250 que comptent l’entreprise, a été suffisant pour que, dès le mardi, l’usine de Toyota soit à l’arrêt, les salariés étant placés en chômage partiel. La grève de Novares a provoqué le plus long arrêt de Toyota depuis le Covid, avec 5 000 voitures non produites.
Mercredi 8 mars, la direction de Novares a annoncé qu’elle mettait fin unilatéralement aux négociations. Le directeur et des cadres sont venus dire que la grève mettait en danger l’avenir du site, mais les travailleurs ne se sont pas laissé intimider. Quand, après avoir tenté de les effrayer sur l’avenir de site, le directeur a demandé s’il y avait des questions, personne ne lui a répondu et il est reparti comme il était arrivé, seul.
Les travailleurs sont restés unis tout au long de la grève, aucun n’a repris le travail. Jeudi 9 mars, les grévistes ont appris qu’une autre usine d’assemblage de Toyota en République tchèque était à l’arrêt pour manque de pièces. D’autres sous-traitants de Toyota ont également été en chômage partiel. Le lendemain, la direction a tenté un dernier coup de bluff en faisant livrer par une société privée une lettre au domicile de tous les travailleurs. Toujours les mêmes arguments sont avancés, selon lesquels il serait impossible d’augmenter les salaires, Novares aurait perdu la confiance de Toyota, la grève menacerait l’avenir de l’usine. La direction voulait faire douter les travailleurs avant le week-end, espérant que les problèmes d’argent de chacun l’emportent sur la détermination.
La petite équipe de six travailleurs du week-end a alors décidé de se mettre aussi en grève, redonnant du moral à tous. Lundi 13 mars, quand la direction a vu que les travailleurs étaient prêts à entamer une deuxième semaine de grève s’ils n’obtenaient pas satisfaction, elle a finalement cédé.
Les travailleurs ont obtenu l’application immédiate de la nouvelle grille salariale de la branche plasturgie et 5,5 % d’augmentation. Sur la base des salaires actuels, cela fait 8,24 % d’augmentation soit 120 euros net pour un salaire de 1 500 euros net. Ils ont aussi obtenu deux primes de 400 euros, soit 800 euros au total, ce qui couvre les jours de grève, et une prime transport de 2 euros net par jour, soit environ 40 euros par mois. Enfin, la direction, qui prévoit cinq samedis travaillés pour rattraper la production, a dû céder une prime de 70 euros brut pour chaque samedi travaillé en plus des heures majorées.
Après une semaine de grève, à la signature du protocole de fin de conflit, une autre usine du groupe implantée à Vire, en Normandie, se mettait à son tour en grève pour des augmentations de salaire.