Senard : de Michelin à Renault, il roule pour le profit06/02/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/02/2636.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Senard : de Michelin à Renault, il roule pour le profit

Dès l’annonce de la nomination de Jean-Dominique Senard, le patron de Michelin, comme dirigeant n° 1 de Renault, les milieux gouvernementaux et les médias ont tracé de lui un portrait très flatteur. Sa principale qualité serait selon eux d’être un patron très social.

Au Medef, dont la présidence lui avait échappé de peu, on ne tarit pas d’éloges sur lui. Comparé à Carlos Ghosn, Senard est décrit comme un gentleman, une sorte d’aristocrate faisant preuve d’une grande courtoisie. Même certains syndicalistes lui ont rendu hommage pour sa « grande capacité d’écoute ». Ce fils de diplomate soigne son image, jusqu’à ne pas craindre le ridicule en portant notamment le très honorable titre de comte romain de la noblesse pontificale. Il a même annoncé qu’il allait réduire sa rémunération chez Michelin durant les trois mois où il va cumuler la présidence de cette entreprise avec celle de Renault.

Mais pour ce qui est du social, Senard a montré qu’il a « des coups de poigne », selon l’aveu de l’un des patrons du CAC 40. Traduisez : partout où il est passé, de Total à Saint-Gobain, puis chez Pechiney et enfin chez Michelin depuis 2012, Senard s’en est pris massivement aux emplois. Il a fermé de nombreuses usines Michelin aux États-Unis, en Colombie, en Angleterre, en Espagne et en France, l’une des dernières en date étant celle de Joué-lès-Tours en Indre-et-Loire, avec près d’un millier de travailleurs jetés à la rue.

Autres faits de gloire de Senard : les accords dits de réactivité qui ont eu l’honneur des journaux télévisés, bouleversant les horaires de travail, soi-disant pour sauver les usines. Les travailleurs de La Roche-sur-Yon, qui avaient dû accepter mi-2016 ce type d’accord avec passage à l’horaire 4x8, en ont fait doublement les frais : début 2018, leurs horaires ont de nouveau été bouleversés, les promesses d’embauches annulées, et cela s’est accompagné de nouvelles menaces sur l’avenir de l’usine sous prétexte que les objectifs n’étaient pas atteints.

Quant à la prime gilets jaunes que les employeurs ont toute liberté de ne pas accorder, plus de la moitié des travailleurs de Michelin n’en verront pas la couleur.

Eux au moins n’ont rien à regretter au départ de ­Senard, qui a bien servi les intérêts des actionnaires de Michelin.

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