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Leur société
Viande avariée : la vraie maladie, c’est le profit
Près de trois tonnes de viande d’animaux malades provenant d’un abattoir polonais ont été exportées dans une dizaine de pays européens, dont 800 kg rien que pour la France.
Le scandale a été dévoilé par un journaliste d’une chaîne de télévision polonaise qui a travaillé dans cet abattoir. Au lieu de payer pour tuer les vaches malades et de les envoyer à l’équarrissage, les éleveurs les bradaient à cet établissement qui les faisait passer pour de la viande saine et augmentait ainsi considérablement ses bénéfices. Les vaches étaient abattues la nuit, quand il n’y avait pas de vétérinaires, et la direction imposait aux salariés d’utiliser le tampon des vétérinaires pour certifier que la viande était saine…
Le ministre français de l’Agriculture s’est vanté de « l’efficacité de notre dispositif de traçabilité et de contrôle sanitaire en France ». Son ministère a été toutefois obligé de préciser qu’une partie du lot importé, 145 kilos précisément, ont été mélangés à des viandes de différentes origines par un grossiste et que, de ce fait, « on ne peut plus les identifier en tant que tels ».
De plus, si ce journaliste polonais n’avait pas fait son enquête, les autorités sanitaires européennes et françaises n’auraient sans doute jamais eu vent de la fraude. Le gouvernement français a d’ailleurs reconnu avoir eu connaissance de l’information par la presse.
Dans tous les États européens, et pas seulement en Pologne, les moyens consacrés aux services de sécurité sanitaire des aliments sont largement insuffisants pour garantir un réel contrôle. En France, le nombre de personnes effectuant des inspections a baissé de 37 % entre 2014 et 2017, d’après l’ONG Foodwatch.
Pour toutes ces raisons, que la viande soit d’origine française ne met pas les consommateurs à l’abri, comme le démontre la succession de scandales qui ont fait l’actualité ces dernières années : les steaks hachés à la bactérie E-Coli produits en 2011 par une société située en Haute-Marne, la fraude à grande échelle entre 2010 et 2012 sur les contrôles à la salmonelle dans les abattoirs de porc de la coopérative bretonne Cooperl, etc.
Il en est de la viande comme de tous les autres produits vendus sur le marché, l’étiquette ne garantit ni sa provenance réelle, ni sa qualité. Tant que l’économie sera organisée exclusivement pour alimenter les profits d’une poignée de capitalistes, les scandales alimentaires ne cesseront de se succéder les uns aux autres.