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Dans les entreprises
Neuhauser : les déficits cachent des fortunes
À l’occasion des négociations sur le plan de suppressions d’emplois chez Neuhauser, en Moselle, où 259 emplois sont directement menacés, les salariés ont pu mesurer, suite à l’expertise économique, l’ampleur des mensonges comptables utilisés par le patron pour tenter de justifier les licenciements.
Cette boulangerie industrielle, qui emploie 660 salariés répartis sur trois sites et fabrique jusqu’à 50 000 croissants par heure et par ligne de production, pourrait s’apparenter à une grosse PME. Fondée à l’origine par un patron local dont la famille a fait fortune, l’entreprise a été rachetée en 2014 par le groupe Soufflet, géant européen du négoce en céréales, commercialisant l’essentiel des farines de blé servant à la fabrication du pain. Son principal actionnaire et dirigeant, la famille Soufflet, fait partie des cent familles les plus riches de France.
D’après Jean-Michel Soufflet, promu chevalier de la Légion d’honneur des mains d’un grand banquier proche de Nicolas Sarkozy (tout un programme !), l’entreprise Neuhauser mosellane serait en déficit. Il faut dire que, depuis qu’elle a été intégrée au groupe Soufflet, ce dernier lui facture près de 6,5 millions d’euros de frais de gestion, transférant discrètement cette part des bénéfices de la filiale vers la maison mère.
Que dire également des milliers de tonnes de farine, de surcroît de mauvaise qualité aux dires des ouvriers qui la transforment en pain, vendues par Soufflet à Neuhauser, avec un surcoût estimé à 2 millions d’euros par rapport au prix moyen du marché ? Le proverbe ne dit-il pas qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même ?
En deux lignes de comptes, c’est déjà 8,5 millions par an qui disparaissent sans laisser de traces, sauf dans les coffres-forts de Soufflet. Ce serait plus qu’il n’en faut pour maintenir les 259 emplois sur le site de Neuhauser, en augmentant au passage les salaires qui plafonnent après trente ans d’ancienneté à 1 300 euros net pour un travail en 4x8 à la chaîne. Un exemple qui illustre que les prétendues difficultés d’une petite entreprise cachent souvent la rapacité d’un grand groupe capitaliste qui fait des bénéfices.
On est certes très loin du nécessaire contrôle des comptes par les salariés eux-mêmes, mais rien que cette petite partie de l’iceberg montre qu’aucun licenciement n’est justifié ni acceptable.