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- Lutte ouvrière n°2239
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Dans les entreprises
3 Suisses -- Croix (agglomération lilloise) : Des projets que les travailleurs ne veulent pas avaler
Les 3 Suisses International regroupent différentes enseignes de vente à distance : 3 Suisses France, Blanche Porte, Becquet et Vitrine Magique. Au total, ce sont près de 2 000 travailleuses et travailleurs, pour moitié en logistique, pour l'autre dans les bureaux. Plus parfois jusqu'à mille intérimaires, saisonniers ou salariés des groupements d'employeurs.
Cela fait six mois que la direction des 3 Suisses International distille au compte-gouttes les informations sur une réorganisation de ces enseignes. Son plan est de regrouper les services de chacune de ces enseignes en un seul endroit. Ainsi le prélèvement et l'emballage des articles seraient regroupés dans une nouvelle usine à Hem, la relation clientèle à Croix, les retours des articles à Tourcoing... La direction compte augmenter ses bénéfices en supprimant plusieurs centaines de postes. Elle veut aussi niveler vers le bas les quelques droits que les salariés avaient obtenus, comme des primes d'ancienneté ou des jours de congé supplémentaire. Enfin, avec une nouvelle usine qu'elle compte faire tourner en équipes, y compris le samedi, alors que tout le monde est quasiment en journée, c'est encore plus de profit.
Pourtant, de l'argent il y en a. Les actionnaires sont deux familles : Otto (quatrième fortune allemande selon Forbes) et Mulliez, propriétaire d'Auchan et des magasins qui gravitent autour. L'an dernier, le groupe Otto a réalisé un chiffre d'affaires record depuis vingt ans.
L'idée de répondre à la direction collectivement et toutes enseignes confondues, a fait son chemin parmi les salariés. C'est dans ce sens que des militantes des trois syndicats CGT ont fait des conférences de presse communes et ont proposé de débrayer tous ensemble le 20 juin, jour d'un Comité d'entreprise aux 3 Suisses, et de s'y retrouver. 400 salariés, en grève ou débrayant une heure ont alors envahi le CE, obligeant la direction à recevoir une délégation de plus de soixante personnes. Cette première mobilisation collective était une réussite et cela se lisait sur tous les visages... sauf ceux de la direction !
Mercredi 22 juin, jour d'ouverture des soldes, les travailleurs étaient de nouveau appelés à faire grève. De nombreuses travailleuses étaient présentes au piquet pour exprimer leur colère face au passage en équipes, à l'absence de conditions pour les départs volontaires ou pour les pertes financières si le projet passe en l'état.
La direction se cache derrière la décision du tribunal et du référé, début juillet, pour expliquer qu'elle ne peut rien dire pour l'instant. Les salariés, dont certains avaient déjà débrayé en petits groupes les semaines précédentes, sont conscients d'avoir marqué un point et que ce n'est que le début d'une mobilisation dans les semaines et les mois à venir.