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- Lutte ouvrière n°2239
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États-Unis : Obama retire un tiers des soldats d'Afghanistan... après avoir triplé leur nombre !
Le mercredi 22 juin, Obama annonçait un retrait « accéléré » des troupes américaines d'Afghanistan. Alors que plus de la moitié des Américains veulent que les soldats reviennent au pays, Obama a profité du succès remporté en tuant Ben Laden pour annoncer que la guerre allait se terminer.
Dix mille soldats reviendront donc d'ici la fin de l'année et 23 000 de plus d'ici août 2012. Ainsi les 33 000 soldats supplémentaires qu'Obama avait envoyés en renfort en Afghanistan en décembre 2009, il y a un an et demi, seront tous de retour, quelques mois avant les élections générales et présidentielle. Mais cela ne représente qu'un tiers des troupes américaines engagées sur le terrain. Et Obama n'a rien dit des 90 000 salariés de compagnies militaires privées sous contrat avec l'armée américaine, dont une partie non négligeable (mais non rendue publique) effectue des tâches directement militaires.
Sarkozy a immédiatement emboîté le pas, calant le retrait des troupes françaises sur le rythme américain et annonçant le retour de mille soldats... sur quatre mille !
Dans son discours, Obama a reconnu les mille milliards de dollars dépensés depuis dix ans et les 1 500 militaires américains morts, les milliers d'autres blessés et traumatisés dans cette guerre, la plus longue qu'aient menée les États-Unis.
C'est pourtant Obama lui-même qui a décidé, dès le début de son mandat, une intensification de la guerre en Afghanistan, une « guerre juste » prétendait-il, pour sécuriser le pays et faire qu'il ne présente plus aucun danger pour les USA.
Bien qu'Obama prétende que ces objectifs ont été remplis, c'est très loin d'être le cas. Bien sûr, l'Afghanistan ne représente pas une menace pour les USA et un responsable admet même que « nous n'avons vu aucune menace terroriste émaner d'Afghanistan depuis sept ou huit ans », bien avant qu'Obama n'intensifie la guerre. Mais quant à sécuriser le pays, c'est un fiasco total car les régions où règne l'insécurité n'ont cessé de s'étendre depuis l'intensification de la guerre, jusqu'à représenter la grande majorité du pays. D'ailleurs, près de la moitié des pertes américaines (684 sur 1 632) ont eu lieu ces derniers 18 mois.
Le fait de rapatrier les 33 000 militaires envoyés à partir de décembre 2009 laissera à l'été 2012 encore 68 000 soldats américains sur le terrain, deux fois plus qu'en janvier 2009 lors de l'investiture d'Obama. Celui-ci affirme que les soldats américains « continueront à quitter régulièrement l'Afghanistan au fur et à mesure que les forces de sécurité afghanes prennent le relais. Notre mission va changer, de mission de combat à mission de soutien. Ce processus sera terminé en 2014. » Voilà ce qu'on peut appeler la langue de bois !
En fait, d'ores et déjà les responsables américains « négocient » avec le gouvernement afghan le droit de garder 25 000 militaires sur place au-delà de cette date et Obama dit vouloir « instaurer un partenariat avec le peuple afghan qui nous assure la possibilité de continuer à cibler les terroristes et à soutenir un gouvernement afghan souverain ». Et il ajoute : « Évidemment, nos efforts doivent aussi porter sur les refuges des terroristes au Pakistan. Aucun pays n'est davantage menacé par de violents extrémistes », désignant ainsi la nouvelle cible prioritaire des militaires américains. Obama exprime en effet sa volonté de continuer la guerre entamée dans les provinces frontières du Pakistan et sa volonté d'obliger le gouvernement pakistanais à marcher à ses côtés ou... de se passer de lui.
L'intensification de la guerre en Afghanistan s'est accompagnée d'une extension de la guerre au Pakistan. Sous prétexte de repérer et tuer des responsables d'Al Qaida, les militaires américains multiplient des opérations commandos au Pakistan et envoient des drones survoler le pays et y larguer des missiles qui frappent des civils comme de supposés terroristes.
Alors, malgré ce qu'Obama tente de faire croire, les guerres de Bush et d'Obama dans cette région du monde sont loin de « toucher à leur fin ». Les troupes américaines ainsi que celles des autres pays de la coalition, dont la France, doivent se retirer immédiatement et complètement !