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Dans les entreprises
Continental Clairoix et les poursuites en cours : Le gouvernement désavoué par le tribunal
Relaxe et reconnaissance de l'action collective des travailleurs de Continental, voilà l'essentiel du jugement rendu mardi 28 juin par le tribunal de Compiègne sur les poursuites engagées par l'État contre Xavier Mathieu pour avoir refusé un prélèvement ADN, suite aux condamnations de six travailleurs à propos de la manifestation à la sous-préfecture en avril 2009.
Pour les 250 présents ce jour-là, rassemblés à l'entrée du tribunal, l'annonce de ce jugement a été prise à juste raison comme une victoire morale des 1 120 travailleurs de Continental
En effet, dans ses attendus, le jugement, s'il a déclaré légaux les prélèvements ADN pour ficher les délinquants ordinaires, a reconnu le caractère exceptionnel de la lutte des 1 120 travailleurs de Continental. Il a précisé que si des dégradations étaient intervenues lors de la manifestation, elles n'étaient pas le fait d'actes délibérés de délinquance mais à la suite d'une action collective à caractère syndical. En conséquence les condamnations qui ont suivi (de simples amendes) ne pouvaient pas être assimilées à des délits ordinaires et ne devaient pas permettre le fichage ADN des personnes condamnées.
En avril 2009, plusieurs centaines de travailleurs de Continental avaient investi la sous-préfecture de Compiègne pour tenter d'arracher la négociation tripartite salariés-Continental-État, pour ne pas être jetés à la rue et obtenir des garanties substantielles. C'est une heure après le départ des salariés que Luc Chatel, au nom du gouvernement, faisait droit à cette exigence. Après encore une lutte acharnée, cela déboucha sur les accords de juin 2009 qui, entre autres, prolongèrent de deux ans et demi le contrat de travail des 1 120 salariés.
Il faut rappeler qu'en 2009 le même tribunal, présidé par d'autres juges, avait suivi, et au-delà, les réquisitions du procureur représentant le gouvernement en condamnant à des peines de prison avec sursis six manifestants. Le maintien d'une très forte mobilisation, au-delà même de Continental, a permis d'obtenir l'annulation de ces condamnations, transformées en simples amendes. Mais le gouvernement, ne lâchant pas, avait décidé de poursuivre Xavier Mathieu, un des condamnés, qui avait refusé le prélèvement ADN qu'on voulait lui imposer.
En avril dernier, jour du procès, près de mille manifestants s'étaient encore rassemblés à Compiègne pour affirmer que leur mot d'ordre « un pour tous et tous pour un » n'était pas un vain mot, et que la solidarité ouvrière était bien présente chez et autour des travailleurs de Continental.
C'est sans doute la raison de ce jugement exceptionnel. Même si le gouvernement décide de ne pas en rester là et qu'il fait appel, les travailleurs seront encore là s'il le faut pour lui répondre.