Par décret en date du 24 juin 2011 le ministre de l'Éducation nationale instaure un « règlement intérieur des collèges et lycées, sanctions et procédures disciplinaires, mesures d'accompagnement et alternatives aux sanctions ».

La seule nouveauté par rapport aux règlements intérieurs existant dans tous les établissements du second degré est l'apparition d'une « mesure de responsabilisation », située entre le blâme et l'exclusion temporaire. Elle consisterait à faire participer l'élève sanctionné « en dehors des heures d'enseignement, à des activités de solidarité, culturelles ou de formation à des fin éducatives ».

Curieuse punition ! C'est bien parce qu'il est souhaitable que les jeunes participent à ce genre d'activités bénévoles et collectives qu'il est stupide de les présenter comme une sanction. Par exemple, dans les lycées professionnels, on trouve nombre d'élèves qui sont à la fois « difficiles » et, à l'extérieur, bénévoles pour l'aide aux devoirs ou l'encadrement sportif des petits. La mesure de Chatel, si elle se met en place, va dévaloriser l'engagement de ces jeunes. Mais le ministre ne sait pas qu'ils existent, estimant sans doute que l'ensemble des jeunes des quartiers populaires ne sont que des « sauvageons ».

Pour le reste, le décret reprend ce qui existe déjà, avec le même écueil permanent : le manque de personnel. Le fait d'accueillir, d'encadrer et de faire travailler les élèves agités exclus de classe pour une heure, présenté comme une mesure inventée par Chatel, est la tarte à la crème des réunions de rentrée. Les proviseurs et principaux demandent tous les ans aux professeurs de ne pas exclure les élèves... parce qu'ils n'ont personne pour les surveiller, parfois même pas de salle de permanence pour les accueillir. À quoi les enseignants répondent qu'ils n'ont souvent pas d'autre moyen de faire cours que d'exclure le perturbateur du jour. Et tout le monde de tomber d'accord pour dire que des classes moins nombreuses et un encadrement plus fourni réduiraient considérablement les problèmes.

La discipline dans les établissements scolaires ne peut pas reposer sur un règlement, si détaillé soit-il, mais uniquement sur l'adhésion des élèves, c'est-à-dire sur l'intérêt qu'ils portent à ce qu'on leur enseigne. Encore faudrait-il avoir les moyens, humains et matériels, de susciter cet intérêt. En supprimant des dizaines de milliers de postes, année après année, le gouvernement fait tout ce qu'il faut pour que, règlement ou pas règlement, l'ambiance devienne de plus en plus dure dans les établissements scolaires.