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Dans le monde
Brésil : Plus que la pluie, c'est l'organisation de la société qui tue
Les fortes pluies d'été qui sont tombées sur le sud-est du Brésil ont fait plus de 500 morts, de nombreux disparus et des dizaines de milliers de sans-abri dans la région montagneuse qui s'étend à une centaine de kilomètres au nord de Rio de Janeiro.
Dans les villes moyennes de Petropolis, Nova Friburgo et surtout Teresopolis, situées entre 800 et 900 mètres d'altitude, des fleuves de boue et des glissements de terrain ont emporté des quartiers entiers d'habitations précaires. Ces favelas, que désormais au Brésil on appelle pudiquement « communautés », sont le produit à la fois de l'exode rural, de la pauvreté, de la spéculation immobilière, de l'absence d'infrastructures et de l'incurie des autorités. À la différence de la pluie, les conditions de vie de la population pauvre ne tombent pas du ciel, mais résultent directement de l'organisation de la société.
Une fois la catastrophe arrivée, les autorités s'accusent entre elles. Le gouverneur dénonce l'irresponsabilité des maires, en principe responsables du cadastre et de l'urbanisation. Mais les maires ont beau jeu de se défendre. Il faut bien que les gens se logent quelque part : là où il y a de la place et là où leurs revenus le leur permettent, quitte à ce que ce soit dans les zones non constructibles, à flanc de colline ou au bord des cours d'eau.
L'État central et les États locaux ne font à peu près rien pour les infrastructures, l'assainissement, le drainage des sols ni même pour la détermination des zones à risque. Le budget fédéral prévu pour la prévention de ce type de catastrophes n'était en 2010 que de 200 millions d'euros mais, comme c'est souvent le cas au Brésil pour les budgets sociaux, une partie seulement a été réellement affectée : 40 %, soit 76 millions. Et pour 2011 il y a eu une réduction supplémentaire de ce budget de 18 %, ce qui le ramène à 62 millions !
Ceux qui meurent ou se retrouvent sans abri sont évidemment les pauvres. La présidente Dilma Roussef, qui a succédé à Lula, l'a constaté : « Se loger dans des zones à risque est la règle plutôt que l'exception au Brésil. Quand il n'y a pas de politique de logement, où vont vivre les gens qui ne gagnent pas plus du double du salaire minimum ? » (Le salaire minimum équivaut à 259 euros). Or il n'est rien prévu de la part du gouvernement fédéral, ni des États. Dans le même État de Rio, la dernière catastrophe date d'avril dernier : des orages avaient tué plusieurs centaines de personnes dans Rio même et à Niteroi, de l'autre côté de la baie. On a enterré les morts, et aucune mesure n'a été prise.